Le casse tête du sponsoring en NASCAR

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Le temps du sponsoring optionnel est définitivement résolu en NASCAR. Aujourd’hui, un engagement dans l’une des trois grandes séries et en particulier en NASCAR Sprint Cup doit obligatoirement être accompagné d’un gros soutient financier de la part d’un partenaire afin de courir dans de bonnes conditions. Pourtant, ces sponsors se font de plus en plus rares et ce phénomène touche toutes les séries de la NASCAR.

En effet, il n’est pas rare de voir une voiture de Nationwide ou un pick-up de Truck vierge de tout sponsor. Pour les pilotes engagés de manière occasionnelle, ceci n’est pas très grave. Mais pour les équipes intéressées par un full time, cela représente une réelle difficulté. Aujourd’hui, il est devenu quasiment impossible d’engager une voiture sur une saison complète sans l’appui de gros sponsors car les coûts d’une saison complète sont de plus en plus élevés. Le phénomène touche surtout les petites écuries à faible budget. Et pour elles le sponsoring est également une question de vie ou de mort.

Mais le plus grave dans toute cette affaire, c’est que ce problème est également présent en NASCAR Sprint Cup, série jusque là assez épargnée car très médiatisée et très populaire. Les sponsors y trouvaient assez facilement leur compte avec des audiences télés très élevées et des retombées économiques énormes. Mais depuis le début de l’année on peut s’apercevoir que les choses ont bien changé.

Tout a commencé avec la fermeture de la Morgan McClure Motorsports, écurie emblématique de la NASCAR mais très affaiblie à cause de moyens financiers réduits. Pendant l’intersaison, elle n’a pas eu d’autres choix que d’abandonner son activité car elle n’avait plus aucun appui extérieur. Et cette affaire n’est pas un cas isolé, puisque l’écurie des Wood Brothers à mis beaucoup de temps avant de faire resigner ses sponsors, preuve que même cette équipe est en difficulté malgré qu’elle ait le soutient de la Roush Fenway Racing, donc de Ford.


Jonathan Ferrey / Getty Images for NASCAR

Une écurie qui ferme est toujours synonyme de pilote laissé sur le carreau. Jacques Villeneuve y est resté mais pour d’autres raisons. En effet aucun sponsor ne s’est manifesté pour être sur la Toyota Camry n°27 durant cette année 2008. Pourtant, on pourrait croire qu’être le sponsor d’un champion du monde de Formule 1 et d’un ancien vainqueur des 500 miles d’Indianapolis était une occasion à ne pas laisser passer. Pourtant, le pilote canadien a beaucoup cherché mais pour lui impossible d’y remédier. Bill Davis, le patron de l’écurie, ne peut malheureusement pas se permettre de faire courir une voiture sans sponsors. Villeneuve regarde donc les courses à la télévision depuis le début de l’année. Mike Skinner, son remplaçant, était sponsorisé par Bad Bow Moyers à Las Vegas et à réussi à qualifier la voiture en 5ème position, mais ce sponsor n’a signé que pour une course.

Ces trois écuries ont un autre point commun: elles ne sont pas dans le top-35 du classement des propriétaires. Il est vrai que sponsoriser une voiture qui n’est pas assurée d’être au départ de la course peut laisser perplexe, surtout lorsqu’il y a de grosses sommes investies. Pourtant, certaines équipes du top-35 sont également touchées.

C’est notamment le cas de la Yates Racing qui est pourtant sure d’avoir ses deux voitures au départ lors des cinq premières courses de la saison. Travis Kvapil n’a toujours pas de sponsor et celui de David Gilliland n’a signé que pour huit courses, Budweiser Shootout inclus. Au soir du Texas, les deux voitures de la Yates risquent donc de n’avoir aucun sponsor. Pourtant, Kvapil vient de terminer 8ème des UAW Dodge 400 et prouve ainsi qu’il mérite sa place dans cette discipline et que sa voiture est performante.

Jeremy Mayfield est dans un autres cas, mais il est tout aussi inquiétant. Sa voiture est sponsorisée par Haas Automation, mais ce sponsor n’en est pas vraiment un puisqu’il s’agit plus de faire de la publicité pour une autre branche de la société Haas CNC qu’un véritable sponsoring. Cela n’apporte donc que très peu d’argent à l’écurie concernée. Si cette voiture sortait du top 35, cela pourrait être la fin de cette équipe déjà mal en point.


Chris Graythen / Getty Images for NASCAR

Dario Franchitti, champion Indycar 2007 et pilote de la Dodge n°40 de la Chip Ganassi Racing est à peu près dans la même situation. Certes la voiture était sponsorisée par Dodge Journey au Daytona 500 et par Target à Fontana, mais Franchitti n’a pas de sponsor attitré pour la saison. En fait il récupère les sponsors secondaires de ses équipiers. Une écurie comme Ganassi peut se le permettre, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde.

On peut donc douter de l’avenir des petites écuries en NASCAR. Si la COT est faite pour rééquilibrer les performances et abaisser les coûts, les problèmes de sponsoring pourraient bien changer la donne et modifier l’avenir des petites écuries. Et la NASCAR pourrait surement y perdre une partie de son âme.