'Dan Gurney White Paper' : l’origine du C.A.R.T. (1/2)

Dan Gurney fait partie des pilotes américains à avoir piloté dans tous les championnats majeurs du sport automobile. Pilote de Formule Un dans les années 60’ pour le compte de BRM, Ferrari, Brabham, Porsche, McLaren puis de sa propre écurie Anglo-American Racers, Gurney a participé à 86 Grands Prix, marqué 133 points, remporté quatre Grands Prix, trois Poles Position, et a réalisé six meilleurs tours.

C’est en 1968 que suite à d’insolubles problèmes financiers, Dan Gurney décide de quitter le Continental Circus pour se consacrer uniquement à la monoplace américaine. Deux ans plus tard, il met un terme à sa carrière de pilote et occupe à 100 pour cent son rôle de patron d’écurie en USAC, l’ancêtre de l’IndyCar. Mais rapidement, l’ex-pilote se rend compte des difficultés que connaît l’USAC en termes de popularité, de spectacle sur la piste. Clairement Gurney pense que : « Quelque chose ne tourne pas rond dans notre sport.« .

Et qui vise t-il dans sa ligne de mire ? les patrons d’écuries. Ces derniers étaient tellement concentrés et déterminés à battre leurs homologues sur la piste qu’ils ont laissé l’USAC gérer l’organisation du championnat. C’est comme cela que les coûts ont augmenté et que les primes versées sont restées inchangées.

Désabusé par l’individualisme de chaque écurie, il décide en 1978 de rédiger un document visant à faire le point sur les problèmes de la série USAC et à proposer des ébauches de solutions. Il demande également que toutes les écuries travaillent main dans la main afin de prendre les rênes d’un championnat qu’elles géreraient elles-mêmes à l’image de ce que vivait la Formule Un avec la F.O.C.A. (De l’autre côté de l’Atlantique le représentant de la F.O.C.A. se nommait Bernard Ecclestone en provenance de Brabham, et avait pour mission de négocier les primes versées aux écuries ainsi que les droits de participation). Enfin restait un dernier élément à définir : le nom de l’organisation. Et voilà comment Dan Gurney proposa la création du Championship Auto Racing Teams championnat de monoplace concurrent de celui organisé par l’USAC.

A l’inverse de la F1 où une seule personne dirigeait, le C.A.R.T. voyait plusieurs représentants mener la toute nouvelle organisation : Roger Penske, Pat Patrick, Jim Hall, Tyler Alexander de l’écurie McLaren, Bob Fletcher et Dan Gurney lui-même. Et le 11 mars 1979, la première course sous l’égide du C.A.R.T. voyait le jour sur l’ovale de Phoenix en Arizona avec la victoire de Gordon Johncock. Rapidement, le championnat des patrons d’écuries prenait le dessus sur l’USAC malgré la présence d’A.J. Foyt et de l’épreuve des 500 Miles d’Indianapolis dans ses rangs. Mais en 1980, l’USAC abandonnait son championnat et se consacrait uniquement à l’organisation de l’Indy 500.

Cette situation a duré jusqu’en 1996 lorsque Tony George décida de créer à son tour son propre championnat. En préparation depuis deux ans, l’IRL provoquait une nouvelle scission dans la monoplace américaine. Il aura fallu attendre 2008 pour que les deux championnats moribonds décident d’enterrer la hache de guerre. Mais depuis 2008 peut-on dire que la santé de l’IndyCar soit satisfaisante ? Malheureusement non. Après 12 ans de guerre interne entre le C.A.R.T. et l’IRL, la NASCAR a pris le dessus et s’est développée dans toute l’Amérique du Nord pour devenir le sport automobile numéro #1 et le deuxième sport national.

De son côté l’IndyCar peine à exister dans cette jungle. Tout d’abord, elle a perdu fin 2008 le seul magazine qui traitait à 100% de la série. Les spectateurs se sont petits à petits perdus entre les deux championnats et leur intérêt à clairement baissé. Le spectacle offert par les voitures est en dessous de ce que l’IndyCar peut offrir. Puis est venu le problème des diffuseurs. Versus a acheté les droits mais n’est disponible que par le câble et par abonnement. C’est d’autant plus dommage que cette chaîne a recruté le mythique Bob Jenkins pour commenter les courses aux côtés de Robbie Buhl qui distille d’excellentes analyses techniques. La paire est plus que satisfaisante mais personne ne peut suivre la discipline. Et que dire de la France ? Auparavant diffusée par deux chaînes de télévisions Eurosport et TMC, voilà que les téléspectateurs et spécialistes français n’ont pu suivre ni la saison 2008 ni les trois quarts de 2009. Seul Orange Sport a franchi le pas en achetant les droits pour la fin de saison 2009 et pour l’intégralité de 2010. De plus la chaîne travaille pour diffuser les courses en direct avec une équipe compétente.

Alors trente ans après le cri d’alarme de Dan Gurney, la situation est-elle meilleure de nos jours ? Loin de là et il semble évident que quelqu’un doit à nouveau se lever pour sauver ce qui devrait occuper la première place des sports automobiles américains. Roger Penske a décliné cette possibilité (hormis si la survie de l’IndyCar était en jeu) et de nombreux regards se portent sur John Menards. Mais restons positifs ! L’IndyCar a trouvé un sponsor titre avec IZOD, une nouvelle voiture et de nouveaux motoristes sont prévus pour 2012 et le championnat cherche à réintégrer les pistes légendaires que sont Cleveland, Loudon et Milwaukee.