Peugeot à la manière d'Audi !

On se souvient des débuts de Peugeot à Sebring. L’équipe s’y était montrée brouillonne et hésitante. C’est à une toute autre démonstration que s’est livrée l’équipe française hier.

Au terme d’une course où elle n’a laissé d’espoir à aucun de ses concurrents, où une stratégie inspirée l’a disputé à une fiabilité exemplaire et à des pilotes irréprochables, le tout dans une impression de sérénité absolue, Peugeot est entrée dans la légende des 12 Heures de Sebring, devenant la première marque française à s’imposer dans la grande classique américaine.

Il est vrai qu’en l’absence d’Audi, les 908 n’ont quasiment pas été inquiétées. Seul Emanuele Pirro, auteur d’une première heure mémorable, a pu faire vaciller le lion (son attaque sur Sébastien Bourdais restera l’un des moments forts de la course).

Il serait cependant erroné de croire que la marche vers la victoire a été une longue marche tranquille. La marge sur les protos « essence », si elle était largement suffisante (Aston Martin ne termine « qu’à » trois tours), ne constituait pas non plus un coussin suffisamment confortable pour se reposer jusqu’à la fin de la course.

L’équipe d’Olivier Quesnel a en revanche pu en profiter pour tester différentes stratégies en vue des 24 Heures du Mans, lesquelles restent l’objectif annoncé de Peugeot cette année.

Sur la ligne d’arrivée c’est finalement la 07 qui devance la 08, qui s’est peut-être montrée un poil plus rapide mais moins favorisée par les neutralisations.

Du côté des pilotes, mentions spéciales à Alex Wurz, impeccable et solide comme un roc, à Anthony Davidson, le plus rapide sur la 07, auteur d’une prestation très convaincante pour sa première course chez Peugeot malgré un tête-à- queue (péripétie somme toute normale sur une course de ce type), et à Sébastien Bourdais, qui doit être déçu d’échouer une nouvelle fois sur la seconde marche du podium.

La troisième marche du podium est allée à l’Aston Martin d’Adrian Fernandez, Harold Primat et Stefan Mucke. Il manque toujours un petit quelque chose pour que les essences puissent réellement inquiéter les diesels. La nouvelle équivalence n’aura pas vraiment changé la donne.

Comme l’expliquait Olivier Quesnel au micro de Motors TV, le gain de performance aura été neutralisé par une consommation plus importante, due à l’augmentation des brides alors que celles-ci ont diminué sur les diesels.

Il ne faut pas oublier non plus la Lola Aston Martin du Drayson Racing, sans doute la vraie révélation de la course, avec notamment un Emanuele Pirro très inspiré, qui aura montré à son ancien employeur qu’il n’a rien perdu du talent qui lui a valu cinq victoires au Mans. Son pilotage incisif fut assurément l’un des points forts de la course.

Du côté des LMP2, le Highcroft Racing a mordu la poussière à la surprise générale en raison d’ennuis électriques. L’avance de cinq tours que Pagenaud, Brabham et Franchitti avaient construite n’a pas été suffisante pour empêcher la Porsche RS Spyder de Cytosport de passer et d’emporter une victoire inattendue. Une belle surprise pour Sascha Maassen (qui avait été enterré un peu vite), Klaus Graf et Greg Pickett (dont la précédente victoire à Sebring remontait à 1987 !).

Dans la nouvelle catégorie LMPC, Christophe Bouchut, Scott Tucker et Mark Wilkins (Level 5) n’ont pas été inquiétés. L’ORECA du Genoa Racing a perdu tout espoir à la suite d’une sortie de piste de J.-R. Hildebrand.

Du côté des GT, la catégorie la plus fournie, le spectacle a été au rendez-vous en début d’épreuve, avec de nombreux changements de positions entre les Ferrari, Porsche, BMW et Corvette.

Mais suite à la malchance de Porsche (une roue perdue par la Porsche Falken a endommagé celle du Flying Lizard, éliminant les deux de la lutte pour la victoire) et à la maladresse du Corvette Racing (accrochage dans les stands entre la 3 et la 4), les positions se sont figées avec la Ferrari Risi en tête devant les deux BMW du Rahal-Letterman racing.

Saluons également le retour en ALMS d’Alex Job, qui remporte la catégorie GTC avec Butch Leitzinger, Leh Keen et Juan Gonzalez.

Le championnat ALMS va maintenant prendre la direction de Long Beach, où se déroulera la prochaine manche le 17 avril. Ce sera la première fois que les nouvelles règles (unification des catégories LMP1 et LMP2) s’appliqueront.