Indianapolis s'est fait sa place

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Rien qu’à prononcer le nom vous en avez des frissons ! Indianapolis un lieu unique, un mythe ; le temple de la vitesse, de la course automobile oui, mais de la monoplace. Construit en 1909, à l’origine pour tester les voitures fraîchement sorties des usines avoisinantes, l’Indianapolis Motor Speedway accueille depuis 1911 la plus grande course de monoplace du monde : l’Indy 500.

Au milieu des années 1990 la NASCAR décide de se rendre sur l’anneau de vitesse le plus célèbre de la planète. Un pari qui s’avère risqué, car l’écrin de la NASCAR c’est Daytona alors qu’Indianapolis c’est le terrain de jeu des monoplaces. Le petit monde de la NASCAR est donc loin d’arriver en terrain conquis. Mais ce pari allait se révéler être payant.

En effet, cet ovale ‘réservé’ aux monoplaces depuis de nombreuses années allait petit à petit faire sa place à la NASCAR à tel point que ce rendez-vous allait devenir un événement majeur de l’été au même titre que le sont les courses nocturnes de Daytona et de Bristol.

Preuve que cet ovale est ‘hors norme’, seule la NASCAR Sprint Cup Series s’y rend. La Nationwide et la Camping World Truck doivent se contenter de l’O’Reilly Raceway Park, short track de 0,686 miles distant de quelques miles en direction de l’Est.

L’histoire allait s’écrire dès la première édition avec un certain Jeff Gordon. Né en Californie, il a grandi dans l’Indiana et il allait écumer les pistes environnantes dans différentes séries de promotion comme l’USAC. Assez logiquement destiné à une carrière en monoplace, l’objectif de Jeff Gordon était de remporter les 500 miles d’Indianapolis, mais au dernier moment il allait se diriger vers la NASCAR.

Tout juste auréolé de son titre de rookie de l’année (en 1993) et de sa toute première victoire en NASCAR Sprint Cup Series (c’était sur le Charlotte Motor Speedway lors des Coca-Cola 600 quelques semaines auparavant) Jeff Gordon incarnait cette nouvelle génération prometteuse sur le papier et talentueuse avec un volant dans les mains.

Qualifié troisième au volant de sa Chevrolet Lumina n°24 sponsorisée par DuPont, il n’allait laisser aucune chance à ses adversaires pour s’imposer avec la manière en menant pas moins de 93 des 160 tours que comptait l’épreuve.

Outre cette course, Jeff Gordon en remportera trois autres, en 1998 et 2001, années de ses deux dernières titres en carrière et enfin celle disputée en 2004. Il compte également trois poles positions en 1995, 1996 et 1999. Mais ce sont ses quatre succès qui en font l’égal des légendes de la monoplace sur cette piste, puisque Rick Mears, A.J. Foyt ou encore Al Unser se sont imposés à quatre reprises sur le Brickyard. Un succès ce dimanche lui permettrait de devenir le seul pilote à compter cinq victoires sur sur ce superspeedway.

La liste des pilotes ayant remporté les Brickyard 400 est des plus prestigieuses. On peut en effet y ajouter Dale Earnhardt (1995), Dale Jarrett (1996 et 1999), Ricky Rudd (1997), Bobby Labonte (2000), Bill Elliott (2002), Kevin Harvick (2003), Tony Stewart (2005 et 2007) et enfin Jimmie Johnson (2006, 2008 et 2009). De cette liste seuls Harvick et Rudd n’ont jamais remporté de titre dans la division reine de la NASCAR.

Notons également qu’en seize épreuves seuls Harvick en 2003 et Johnson en 2008 ont réussi à s’imposer après avoir décroché la pole position. En 2001 Jeff Gordon s’était élancé depuis la vingt-septième place pour gagner et à ce jour personne n’est parti de plus loin avant de s’imposer.

Mais Indianapolis ce n’est pas que l’Histoire, c’est aussi les polémiques. En 2008 tout d’abord avec le fiasco rencontré par Goodyear. Le manufacturier de pneumatiques s’était totalement fourvoyé dans le choix de ses gommes et la course ne connu jamais plus de douze tours sous drapeau vert. En revanche, les crevaisons à l’avant droit se comptaient par poignées et la NASCAR avaient du imposer aux écuries de réduire la pression dans les pneumatiques afin d’en limiter l’usure et par conséquent les éclatements. Jimmie Johnson avait remporté cette course tristement restée célèbre tant pour la NASCAR que pour Goodyear.

Autre polémique en 2009 avec Juan Pablo Montoya. Vainqueur de l’Indy 500 en 2000 le Colombien semblait bien parti pour décrocher sa première victoire sur un ovale et devenir le premier pilote à s’imposer en NASCAR et en IndyCar sur cet ovale, mais il allait être pénalisé pour excès de vitesse dans la voie des stands en fin d’épreuve. Conséquence d’un passage obligatoire par les stands pour effectuer la dite pénalité, il terminait l’épreuve onzième alors que la victoire lui tendait les bras. Dans sa radio il aura beau jurer qu’il n’avait pas dépassé la vitesse limite et ses fans hurleront au complot, mais rien n’y fera la pénalité, justifiée, était tombée et Montoya perdit seul une course qu’il avait pourtant tout fait pour gagner.

Bien plus que les polémiques, ce qu’il faut avant tout retenir c’est que cette piste s’est rapidement mise au niveau des historiques de la NASCAR telles Daytona, Bristol, Charlotte ou encore Darlington. Pour preuve, le Winston Million, un bonus d’un million de dollars réservé au pilote remportant au moins trois des quatre épreuves choisies avant le début de la saison, incluait souvent la course d’Indianapolis parmi les quatre sélectionnées. Ce concept a été abandonné lorsque la première division de la NASCAR a changé de sponsor principal, au terme de la saison 2003.

Autre fait marquant à Indianapolis, le vainqueur est souvent le même que le champion en fin de saison. Jeff Gordon a remporté Indianapolis et le titre tant en 1998 qu’en 2001. Dale Jarrett en 1999 et Bobby Labonte en 2000 ont également réalisé cet exploit tout comme Stewart en 2005. Enfin Jimmie Johnson en 2006, 2008 et 2009 est le seul pilote à avoir réussi à trois reprises à gagner Indianapolis et le titre de champion. Sera-ce de nouveau le cas cette année ? Une partie seulement de la réponse sera connue dimanche soir.