
Samedi, Kasey Kahne s’est retrouvé replongé en février 2004, à l’époque où il bataillait roue dans roue face à Matt Kenseth sur le North Carolina Speedway. Vingt ans plus tard, au volant pour la North Carolina Education Lottery 250, il observait la neutralisation depuis l’arrière du peloton… épuisé. Un contraste saisissant.
« Je lui ai dit : “Tu faisais ça sans être crevé après la course !” », souriait Kahne, 45 ans, depuis la voie des stands. « Et moi, là, assis sous drapeau rouge dans la ligne droite arrière, rincé. Les temps ont bien changé. »
Kahne a conclu sa course à la 15ème place, mais ce week-end à Rockingham avait une saveur bien particulière, marquée par la nostalgie et la réussite. C’était le grand retour de la Xfinity Series à « The Rock » pour la première fois depuis 2004, année également marquée par la dernière apparition de la Cup Series sur ce tracé mythique.
Une deuxième renaissance pour Rockingham
Certes, Rockingham avait déjà tenté un retour en 2012 avec une course de Truck Series remportée par Kahne. Mais cette fois, l’ambiance était différente.
« En 2012, je sortais d’un double programme au Texas et j’avais à peine le temps de souffler », se rappelle Kahne. « Là, j’ai vraiment ressenti l’énergie. Il y avait clairement plus de public. L’excitation était palpable. »
Et les fans ne s’y sont pas trompés : tribunes pleines, ambiance électrique, et un plateau Xfinity Series bien garni. Sur la piste, le spectacle fut total : 17 changements de leader, 83 tours sous neutralisation, et 14 drapeaux jaunes — un chaos maîtrisé qui a mis en valeur l’ancienne surface abrasive et exigeante du Rockingham Speedway.
Un retour sur le radar de la Cup Series
Parmi ceux qui avaient le sourire en quittant le circuit, Bob Sargent, PDG de Track Enterprises et acteur clé du retour de Rockingham au calendrier national NASCAR. Sollicité par l’organisation pour préparer le terrain, il s’est montré confiant après ce week-end.
« J’ai eu des retours extrêmement positifs de toutes les parties prenantes : NASCAR, équipes, pilotes, sponsors, fans… », a-t-il confié. « On a coché toutes les cases : circulation fluide, logistique sans accroc, concessions solides, météo parfaite, et surtout des courses spectaculaires. »
Alors, la NASCAR Cup Series à Rockingham, mission possible ? Sargent reste mesuré : « On est sur le radar, c’est certain. Mais la Cup, c’est un calendrier mondial avec des contraintes géographiques et logistiques fortes. Rien n’est garanti. »
Un public conquis, une ambiance unique
Le public a répondu présent dès jeudi, bien avant les premiers tours de roues. Un engouement rare, digne des grandes heures de Rockingham, bastion de la NASCAR dans l’Amérique rurale.
Sur la piste, Jesse Love pensait avoir décroché la victoire avant d’être disqualifié en inspection pour un problème de suspension arrière. La victoire est finalement revenue à Sammy Smith, son premier succès de la saison.
Mais peu importe le classement final : c’est l’ambiance générale qui a marqué les esprits. « J’espère vraiment revenir ici », lançait Love. « Les fans le veulent. L’ambiance était incroyable. C’était un week-end vraiment spécial. »
Et maintenant ?
Le succès de ce week-end pourrait bien être un tournant. Rockingham a prouvé qu’il avait encore toute sa place dans le paysage NASCAR. Il ne reste plus qu’à voir si les décideurs de Daytona sont prêts à bouger une pièce sur l’échiquier pour faire revenir la Cup Series dans le comté de Richmond.