Larson entre Indy et Charlotte : une aventure qui touche déjà à sa fin ?

Kyle Larson Indy 500

Mardi, Kyle Larson a de nouveau enfilé son casque Arrow McLaren sur l’ovale légendaire de l’Indianapolis Motor Speedway. En s’engageant dans les essais du 10ème Indianapolis 500, il ouvre le second chapitre de son audacieuse tentative de réaliser le mythique Double Duty : enchaîner les 500 Miles d’Indianapolis et le Coca-Cola 600 de Charlotte le même jour.

Mais cette quête exceptionnelle pourrait bien être sa dernière tentative. Et plus largement, la dernière de cette génération de pilotes NASCAR.

« J’espère que ce ne sera pas la dernière, » déclare Larson, actuellement leader du classement général de la Cup Series, fort de sa victoire dominante au Kansas dimanche dernier. « C’est énorme pour le sport auto dans son ensemble. Ça booste l’IndyCar, et c’est peut-être encore plus bénéfique pour la NASCAR. Espérons que les calendriers pourront s’ajuster à l’avenir, et que certaines règles évolueront aussi. »

Une tradition mythique devenue cauchemar logistique

La tradition du Double Duty remonte à 1994, lorsque John Andretti devient le premier à boucler les deux épreuves lors du week-end du Memorial Day. Depuis, seuls quatre pilotes y sont parvenus – le dernier étant Kurt Busch en 2014.

Mais ce qui était déjà une prouesse logistique est devenu quasi impossible en 2024, lorsque la météo avait retardé le départ de l’Indy 500 de quatre heures, forçant Hendrick Motorsports à maintenir Larson à Indy, au détriment du départ de la course de Charlotte. Résultat : Larson n’a jamais pris le volant lors du Coke 600, écourté par la pluie.

Depuis, la NASCAR a durci le ton avec une nouvelle clause réglementaire : tout pilote qui manque le départ d’une course sans raison médicale et souhaite obtenir une dérogation pour rester éligible aux playoffs, perdra automatiquement tous les points de playoffs acquis avant le début des séries. Une clause claire, nette… et non négociable.

Hendrick Motorsports ne prendra pas de risques

Actuellement en tête avec 23 points de playoffs (grâce à trois victoires et huit segments remportés), Larson perdrait tout s’il ne prend pas le départ du Coke 600. Pas question donc de revivre la même mésaventure.

Rick Hendrick a été formel : si les conditions se compliquent à Indy, Larson sera retiré de l’Indy 500 pour lui permettre d’être à Charlotte à temps.

« Ça a toujours été compliqué de faire les deux, mais aujourd’hui, ils rendent ça presque impossible, » déplore Larson.

Une aventure exceptionnelle, difficile à reproduire

Le programme Indy/NASCAR de Larson est le fruit d’une coordination unique entre Hendrick Motorsports, Arrow McLaren, et de nombreux sponsors alignés autour d’un projet ambitieux, documenté pour Amazon Prime.

« Honnêtement, je doute qu’on revoie un projet aussi complet avant longtemps, » confie Jeff Gordon, vice-président de Hendrick Motorsports, à NBC Sports.
« Il faudrait des moyens, du temps, des sponsors transversaux et un pilote à la fois talentueux et adaptable. »

Même Larson l’admet : s’il avait pu courir les deux courses l’an dernier, il n’est pas certain qu’il aurait retenté l’expérience en 2025.

Le soutien de Tony Stewart

Seul pilote à avoir bouclé les 1 100 miles en 2001 (6ème à Indy, 3ème à Charlotte), Tony Stewart reste l’ambassadeur le plus passionné du Double Duty.

« Il y aura toujours un pilote spécial pour qui cette opportunité fera sens, » confie-t-il.
« Si quelqu’un doit battre mon record, j’aimerais que ce soit Kyle. C’est un vrai passionné de dirt, comme moi. Je suis un de ses plus grands fans. »

Et après ?

Rien ne garantit que le partenariat Hendrick/McLaren sera renouvelé. Ce projet est lié à un contrat de deux ans qui expire cette saison. Kyle Busch, lui, a longtemps rêvé de faire le doublé, mais Joe Gibbs Racing avait refusé l’idée en 2017. Il avait même approché Arrow McLaren, qui a préféré s’engager avec… Larson.

Le temps nous dira si cette tentative marquera le début d’une nouvelle ère ou le chant du cygne d’un rêve devenu trop risqué.