Jesse Love : « Le seul moyen de dire merci, c’est de gagner »

Quelques minutes après avoir remporté le titre de champion NASCAR Xfinity Series 2025, Jesse Love s’est présenté en conférence de presse. Entre fierté, émotions maîtrisées et reconnaissance envers son entourage, le pilote du Richard Childress Racing est revenu sur sa soirée et sa saison.

Q : Jesse, première question importante : quel est le goût des tacos ?

Jesse Love : (sourire) Vraiment très bons ! Je suis assez difficile, mais là, rien à redire. Je n’ai même pas mis de garniture, et c’était parfait. Beau travail.

Q : Quand tu es sorti de la voiture, tu étais très ému. À quoi pensais-tu pendant les derniers tours ?

Jesse Love : Honnêtement, je ne ressentais pas grand-chose. Je savais qu’un drapeau jaune allait tomber, alors je restais concentré sur la voiture et sur la relance à venir. Je n’ai pas gagné une seule fois cette année en partant de la première ligne, donc je voulais surtout ne pas faire d’erreur. Quand j’ai franchi la ligne, il m’a fallu un moment pour réaliser. C’était une sensation étrange.

Q : En début de course, tu semblais frustré. Comment as-tu réussi à te ressaisir ?

Jesse Love : Oui, on a été vraiment mauvais au départ. On finit 12e à la première étape, j’étais démotivé. Coincé en haut, sans adhérence, en bataille avec la 7 et la 19… j’ai probablement détruit mes pneus arrière droits. Ensuite, on a ajusté la voiture, j’ai retrouvé le rythme et je me suis dit qu’il fallait juste resserrer les choses. Et ça a fonctionné.

Q : Tu es officiellement le deuxième champion NASCAR d’origine mexicaine. Que représente cela pour toi ?

Jesse Love : C’est génial. Ma mère est née et a grandi à Mexico. C’est pour ça que j’adore les tacos, non ? (rires)
Plus sérieusement, c’est très spécial. Je sais à quel point elle est fière. On écoute souvent Mana ensemble en voiture. Porter deux drapeaux, c’est quelque chose de fort pour moi.

Q : Ta mère parlait de travail acharné et de sacrifices. C’est une valeur importante pour toi ?

Jesse Love : Oui, mais elle mérite autant de reconnaissance que moi. Ma mère et ma sœur ont énormément sacrifié pour que je sois ici. Mon père aussi. La seule façon pour moi de leur dire merci, c’est de gagner. C’est ma manière de leur rendre ce qu’ils m’ont donné.


Q : Quel rôle ton père a-t-il joué dans ton parcours ?

Jesse Love : Mon père est la seule personne qui a toujours été là, du début à la fin. J’ai rencontré plein de gens formidables dans ma carrière, mais il est le seul à ne jamais avoir quitté mon côté. Il a fait énormément de sacrifices pour moi. Et parfois, la seule façon de le remercier, c’est de gagner. Ce soir, c’est un soulagement immense.

Q : Parle-nous de ta relation avec ton chef d’équipe, Danny Stockman.

Jesse Love : Danny, c’est comme un frère. On est amis avant d’être pilote et chef d’équipe. On s’est déjà crié dessus, on s’est dit des choses qu’on n’avait pas envie d’entendre, mais c’est ce qui nous a fait progresser. Il m’appelle son fils, je le considère comme mon frère. On veut gagner l’un pour l’autre. C’est ce qui rend notre duo si fort.

Q : Est-ce important d’avoir gagné ce titre à la régulière ?

Jesse Love : Absolument. Ce n’était pas un coup de chance, ni une stratégie aux stands. On a dominé. C’était probablement la voiture la plus performante de l’année, avec celle de Rockingham. Gagner comme ça, c’est beaucoup plus gratifiant.

Q : Vas-tu te tenir à l’écart des réseaux sociaux après ce titre ?

Jesse Love : (rires) Non. Franchement, je m’en fiche. J’ai un beau trophée, un joli chèque…
Mais je respecte les fans, leurs opinions comptent. Le monde serait ennuyeux si tout le monde pensait pareil. Je regarderai sûrement ce qui se dit, mais ça ne me dérange pas.

Q : Est-ce difficile de se comparer à Connor Mosack, ton principal rival cette année ?

Jesse Love : Oui, c’est une excellente question. Après ma saison ARCA, j’étais le pilote à battre. Puis Connor m’a un peu volé la vedette, et ça a été dur à vivre. Mais au final, il m’a motivé à me surpasser. Je déteste perdre contre lui. Il me pousse à être meilleur. L’année prochaine, il ne sera plus là, alors il faudra que je change d’état d’esprit très vite.

Q : Tu sembles entretenir une belle amitié avec Connor et Brent Crews.

Jesse Love : Oui, ce sont mes meilleurs amis. Brent, c’est comme un frère. On se pousse mutuellement, on se soutient dans les moments difficiles. J’ai un immense respect pour eux. On a un super groupe, et même si la compétition est rude, l’amitié reste intacte.

Q : On t’a vu très à l’aise quand la nuit est tombée. Qu’est-ce qui a changé ?

Jesse Love : Quand la piste s’est refroidie, j’ai changé ma façon d’entrer dans les virages. J’ai essayé de trouver de la vitesse autrement. C’est quelque chose qu’on a beaucoup travaillé avec Scott Speed. On s’entraîne tous les jours pour que je sache quoi faire instinctivement quand les conditions changent.

Q : Ton équipe aux stands a été exceptionnelle. Un mot pour eux ?

Jesse Love : Ils ont été incroyables. Leur dernier arrêt a été le plus rapide de la saison. On a dû remplacer des gars blessés, mais tout le monde a assuré. Chapeau à Ray Wright et à toute l’équipe RCR. Ils s’épanouissent quand la pression est maximale. Je leur dois beaucoup.

Q : Tu restes en Xfinity chez RCR l’an prochain. Comment veux-tu représenter la série ?

Jesse Love : Oui, je veux suivre l’exemple de Justin Allgaier. C’est un modèle, un compétiteur incroyable et un homme exceptionnel. Il sait équilibrer la course et la vie. J’aimerais représenter la série comme lui… et pourquoi pas viser deux titres de suite ! (sourire)

Q : Quelques années après ton titre ARCA, te serais-tu imaginé à nouveau champion ici ?

Jesse Love : (ému) Le gamin que j’étais y croyait dur comme fer. Puis il y a eu des moments de doute. J’ai dû affronter cette voix dans ma tête qui disait que je n’y arriverais pas. Aujourd’hui, c’est un immense soulagement. Et une belle revanche sur moi-même.

Q : Un dernier mot pour conclure ?

Jesse Love : Merci à ma famille, à Danny, à RCR, et à mes amis. Ce titre, c’est pour eux. Maintenant, il faut que je prépare mon discours ! (sourire)