Kyle Larson : « Je ne pensais pas qu’on avait encore une chance »

Quelques instants après avoir décroché son deuxième titre NASCAR Cup Series, Kyle Larson s’est présenté en conférence de presse, visiblement encore sous le choc de ce scénario improbable. Le pilote de la Chevrolet n°5 du Hendrick Motorsports est revenu, avec son calme habituel et une pointe d’émotion, sur une soirée qu’il qualifie lui-même de « dingue ».

Kyle, lors du dernier restart, aviez-vous l’impression d’être en position de force ?

Kyle Larson : Franchement, non. Je ne me suis jamais senti en position de force. J’étais même surpris que certains pilotes restent en piste. Je pensais m’élancer aux côtés de Ryan (Blaney) au premier rang, et je me disais que ce serait bien, car il aurait sans doute choisi la ligne basse. Puis on m’annonce que des voitures ne sont pas rentrées… et là, je me dis : « Oh non, ça sent mauvais. »

J’ai réussi à me glisser derrière Alex, à plonger fort dans les virages un et deux, et à récupérer l’air pur dont j’avais besoin. Je pensais que Denny (Hamlin) allait être très fort avec ses quatre pneus neufs, qu’on allait finir côte à côte. Finalement, j’ai fait un premier tour parfait, et là, oui, j’ai commencé à y croire.

À la radio, mon spotter me disait que le 11 était coincé derrière. Je restais concentré sur la ligne extérieure pour garder de la vitesse et éviter le mur. Je voulais vraiment gagner la course, mais surtout, on a fait ce qu’il fallait pour gagner le championnat. C’est fou, vraiment.

Vous avez parlé de “circonstances insensées”. Qu’est-ce que ça fait de gagner un championnat comme celui-là ?

Kyle Larson : C’est complètement dingue (sourire). Honnêtement, est-ce que quelqu’un ici pensait qu’on avait une chance ? Moi-même, je n’y croyais plus trop. Comme disait Cliff (Daniels), on n’était pas morts, mais on n’en était pas loin.

La voiture n’était pas parfaite, je ne me sentais pas très à l’aise. Puis il y a eu cet arrêt au stand raté, on repart 18e, et je me dis : « C’est fini, impossible de battre le 11 et le 12. » Denny était clairement le plus fort du groupe.

Et puis tout s’enchaîne : crevaison, perte d’un tour, drapeau jaune salvateur, stratégie à deux pneus… On s’est retrouvés dans le bon wagon au bon moment. C’est incroyable comme le destin peut basculer.

Un possible changement de format avec Homestead en finale pourrait-il avantager un pilote comme vous ?

Kyle Larson : Difficile à dire tant qu’on ne connaît pas le format exact. Mais oui, à Homestead, je me sentirais plus à l’aise, c’est sûr. Je pense que tout le monde préférerait plusieurs courses au lieu d’une seule. En une course, tout peut arriver — ce soir en est la preuve.

Peu importe le circuit, que ce soit 10, 4 ou 36 courses, je me sentirais confiant. Mais si on ne devait en garder qu’une, Homestead serait clairement un terrain favorable.

Joey Logano vous a félicité en disant que vous formiez “une équipe exceptionnelle”. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Kyle Larson : C’est un grand compliment venant de Joey. Je ne pense pas qu’il y ait une équipe meilleure que la sienne dans l’art de performer en playoffs. Et cette année, on a vécu une expérience “à la Joey Logano” : pas les plus rapides, mais solides, intelligents, et au final, champions.

Rejoindre Joey et les autres doubles champions, c’est incroyable. C’est un honneur de voir son nom apparaître deux fois sur la liste. Et comme je le dis souvent, le plus beau symbole du titre, c’est ce fameux livre que chaque champion reçoit. J’ai hâte de le rouvrir.

Quel impact ce deuxième titre a-t-il sur votre héritage ?

Kyle Larson : Honnêtement, je ne sais pas encore. Je crois qu’aucun de nous n’avait imaginé un deuxième titre comme ça. C’est ce qui le rend encore plus spécial.

Je ne pense pas à mon héritage. Je suis encore en pleine compétition, et j’espère le rester longtemps. L’histoire s’écrit au fil des saisons, des courses, des victoires. Ce soir, on a juste ajouté un chapitre.

Vous avez montré beaucoup d’empathie pour Denny Hamlin. Que ressentez-vous pour lui ?

Kyle Larson : Beaucoup de respect, et oui, de la tristesse aussi. Denny a tellement investi dans ce sport, dans sa quête du titre… et ce soir, il était si proche.

Bien sûr, je suis heureux pour mon équipe et pour moi, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir mal pour lui. Même ceux qui ne l’aiment pas ressentent quelque chose. C’est la dure réalité de ce format. Un drapeau jaune, et tout bascule.

Vous avez pu célébrer avec vos enfants. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Kyle Larson : C’était génial. Ma fille Audrey m’a dit : “Papa, tu as enfin gagné à nouveau !” (sourire). Ça faisait longtemps. Et cette fois, mon fils Cooper est assez grand pour s’en souvenir.

Lors de notre premier titre, il n’était même pas né. Je vais pouvoir actualiser mes photos : la dernière fois, c’était Audrey dans la Coupe, cette fois, ce sera Cooper ! Ces moments-là valent autant que la victoire.

Comment comparez-vous ce titre à celui de 2021 ?

Kyle Larson : En 2021, tout paraissait facile. On dominait, on menait des tours, on contrôlait notre destin. Cette saison, tout a été plus difficile. Rien n’a été acquis.

C’est ce qui rend ce deuxième titre encore plus fort. Il symbolise le travail, la résilience, et surtout la force collective de cette équipe. Je crois que je ne l’oublierai jamais pour ça.

Si vous deviez donner un titre à cette saison, quel serait-il ?

Kyle Larson : (Rires) Je ne suis pas très bon pour ça, mais Cliff disait toujours : “On n’est pas encore morts.” Alors peut-être… Pas morts, juste champions.

Ce soir, tout me paraît encore irréel. C’est un mélange de fierté, de choc et de gratitude. Ce titre, c’est avant tout la victoire d’une équipe qui n’a jamais abandonné.