Procès antitrust de la NASCAR : Cinquième journée

La cinquième journée du procès antitrust opposant la 23XI Racing et la Front Row Motorsports à la NASCAR a attiré davantage de regards qu’à l’accoutumée. Le tribunal fédéral du Western District of North Carolina a même dû gérer une affluence inhabituelle après la pause déjeuner. La raison était simple : l’arrivée de Michael Jordan, témoin très attendu dans un dossier qui pourrait bouleverser l’économie de la NASCAR. Mais avant cette séquence très médiatisée, plusieurs témoignages importants avaient déjà animé la matinée, prolongeant les tensions déjà palpables depuis le début de la semaine.

Steve O’Donnell a conclu sa déposition en détaillant une nouvelle fois les motivations de la NASCAR concernant les Charters non permanents. Selon lui, l’incertitude autour des revenus futurs, des droits télévisés ou encore du calendrier imposait de préserver la flexibilité du système. C’était un point clé de la défense, déjà mentionné lors des précédentes audiences.

Le témoignage d’Heather Gibbs a ensuite marqué les esprits. Très émue, la co-propriétaire de la Joe Gibbs Racing a rappelé l’importance vitale que représenteraient des Charters permanents pour les équipes. Elle a décrit ce mécanisme comme un filet de sécurité indispensable, rappelant l’absence de sources de revenus extérieures pour la structure fondée par Joe Gibbs. Elle avait déjà formulé cette demande dans une lettre adressée à la NASCAR en mai 2024.

L’après-midi a pris un autre ton avec l’entrée en scène de Michael Jordan, accueilli par un trait d’humour du juge Kenneth D. Bell devant une salle comble. Durant l’interrogatoire mené par Danielle Williams, Jordan a réaffirmé les revendications principales des équipes : une part plus importante des revenus de la NASCAR, un pouvoir de gouvernance renforcé pour encadrer certaines hausses de coûts, la permanence des Charters et une répartition équitable des nouveaux revenus générés par le sport. Ces demandes, absentes de l’accord 2025, sont au cœur du litige.

Sous contre-interrogatoire, Jordan a admis s’être appuyé sur son conseiller financier Curtis Polk lors de la création de 23XI Racing. Il a aussi confirmé que les projections initiales de Denny Hamlin se sont révélées modestes au regard des profits réellement engrangés par l’équipe dès 2022. Malgré ce contexte favorable, Jordan a insisté sur le fait que le modèle économique actuel restait fragile pour les équipes, même s’il reconnaît que le Charter system a apporté une réelle valeur en attirant sponsors et investisseurs.

La journée s’est terminée avec la déposition de John Marshall, directeur exécutif de la Race Team Alliance. S’il a comparé la valeur des équipes de la NASCAR à celle d’autres ligues sportives américaines, il a concédé que la structure familiale de la NASCAR différait radicalement des ligues “stick-and-ball”. Il a également confirmé que la RTA avait déposé la marque “U.S. Racing League”, évoquant ainsi l’idée d’une alternative théorique, tout en reconnaissant qu’aucun projet concret n’avait été lancé.

Le procès reprendra ce lundi matin avec la suite de son interrogatoire, dans un climat qui ne cesse de gagner en intensité à mesure que les points de friction s’accumulent.