Jour 7 du procès: France, Phelps et Childress au centre du jeu
La septième journée du procès antitrust intenté par la 23XI Racing et la Front Row Motorsports contre la NASCAR a offert une plongée directe dans la stratégie de la famille France. À Charlotte, Jim France, Steve Phelps et Richard Childress ont détaillé leur vision du système de charter et du partage des revenus, sous le regard d’un jury appelé à décider si la NASCAR abuse de sa position dominante.
Jim France assume le refus des charters permanents
Jeff Kessler, avocat des équipes plaignantes, a concentré son interrogatoire sur la question de la permanence des charters. Jim France a confirmé que la NASCAR, contrôlée par la famille France via des trusts, a sciemment refusé d’intégrer une clause “evergreen” dans l’accord 2025.
Les équipes avaient défini quatre “piliers”:
- une hausse de la part de revenus allouée aux équipes,
- un droit de regard sur les hausses de coûts,
- des charters permanents,
- un tiers de toutes les nouvelles sources de revenus.
Malgré les lettres appuyées de propriétaires comme Rick Hendrick, Jack Roush ou Roger Penske, le conseil d’administration de la NASCAR a choisi de maintenir les charters dans un format limité dans le temps.
Steve Phelps met en avant la sécurité financière et la durée
Avant Jim France, Steve Phelps a défendu l’accord 2025 comme un compromis raisonnable. L’argument central: une prolongation de sept ans des charters au-delà de l’actuel contrat TV (jusqu’après 2031), avec la garantie que les équipes percevront au minimum le même niveau de revenus sur cette seconde période.
Phelps a également expliqué que la NASCAR ne pourrait créer que deux nouveaux charters, uniquement en cas d’arrivée d’un nouveau constructeur et si aucune équipe existante ne se positionne. Selon lui, ce mécanisme protège la valeur des 36 charters actuels, tout en laissant une fenêtre d’expansion contrôlée.
En matière de gouvernance, l’Owners Advisory Council et un New Business Committee doivent donner aux propriétaires d’équipes un rôle consultatif sur les dossiers majeurs, même si la NASCAR conserve seule le pouvoir de décision.
Richard Childress: un accord signé sous pression
Richard Childress a livré un témoignage particulièrement marquant. Il a reconnu que la Richard Childress Racing n’avait pas vraiment le choix: refuser de signer le nouvel accord de partage des revenus 2025 aurait, selon lui, mis l’équipe en grave difficulté financière.
Childress a détaillé le paradoxe vécu par de nombreuses structures: le système de charter a effectivement créé un actif revendable, mais tant que ces charters ne sont pas permanents, la valeur reste bridée. Les banques et les investisseurs hésitent à s’engager sur le long terme si la licence d’exploitation peut disparaître à l’échéance du prochain accord.
23XI et Front Row, vitrine d’un malaise général
Treize organisations sur quinze ont signé l’accord. Seules la 23XI Racing et la Front Row Motorsports ont refusé et porté l’affaire devant les tribunaux. Leurs experts estiment que la NASCAR a sous-payé les équipes de plus d’un milliard de dollars entre 2021 et 2024, avec plus de 360 millions de préjudice pour les deux plaignantes.
Le procès, entamé le 1er décembre 2025, avance lentement. Jim France doit encore affronter un contre-interrogatoire mené cette fois par les avocats de la NASCAR, avant que les équipes ne reposent leur cause. Le juge Kenneth D. Bell pousse les deux camps à aller à l’essentiel pour éviter de prolonger l’affaire sur une troisième semaine, quitte à réduire la liste de témoins.
Des conséquences possibles sur tout le modèle économique de la Cup Series
Au-delà du duel juridique, l’enjeu est la définition du futur modèle économique de la Cup Series. Des charters permanents rapprocheraient la NASCAR d’un système de franchises, avec des équipes plus fortes institutionnellement, des valorisations plus élevées et un partage du pouvoir plus équilibré.
À l’inverse, la position actuelle de la NASCAR vise à préserver une structure centralisée, où l’instance garde la main sur la taille du plateau, la redistribution des revenus et l’évolution du produit global. Le verdict de ce procès dira si ce modèle peut perdurer tel quel à l’ère des investisseurs institutionnels, des comparaisons constantes avec la Formule 1 et de la présence médiatique d’un copropriétaire comme Michael Jordan.
