Depuis plus de vingt ans, les bidons bleus et jaunes de Sunoco accompagnent chaque week-end de course de la NASCAR. Et il se pourrait bien que cela continue. Selon plusieurs sources proches du dossier, la société texane s’apprête à prolonger son partenariat exclusif avec la NASCAR en matière de carburant, un accord qui court actuellement jusqu’à la fin de la saison 2025. Cependant, même si cette prolongation semble en bonne voie, des zones d’ombre persistent quant à la stratégie énergétique à long terme de la série.
L’accord initial, signé en 2004, avait mis fin à un demi-siècle de collaboration entre la NASCAR et la marque 76 de ConocoPhillips. Depuis, Sunoco alimente sans interruption les trois divisions nationales — Cup Series, Xfinity Series et Craftsman Truck Series. Mais en 2025, la série a entamé sa saison sans extension contractuelle formelle, ouvrant ainsi la porte à des discussions exploratoires avec d’autres acteurs du secteur.
Parmi les pistes évoquées par la NASCAR, celle d’un partenariat global regroupant à la fois la catégorie “carburant officiel” et “huile moteur officielle”. Actuellement, ces deux désignations sont séparées, Mobil 1 (ExxonMobil) détenant la seconde. Selon des sources industrielles, la NASCAR chercherait à valoriser l’ensemble à hauteur de dix millions de dollars par an, contre un montant similaire estimé lors du contrat initial signé avec Sunoco. D’autres compagnies comme Shell ou ExxonMobil auraient été consultées, sans qu’aucune ne semble pour l’instant en mesure de remplacer la marque basée à Dallas.
Si Sunoco n’a pas confirmé la signature imminente d’un nouveau contrat, plusieurs responsables proches des négociations estiment que l’entreprise conservera son rôle en 2026. La NASCAR, de son côté, s’est abstenue de tout commentaire. Pour Sunoco, cet accord reste stratégique : même si la marque a vendu en 2017 plus de 1 100 supérettes à 7-Eleven pour 3,3 milliards de dollars, elle continue de s’appuyer sur ses activités B2B et sur sa présence historique dans le sport automobile pour renforcer son image. L’entreprise fournit chaque semaine les circuits du pays pendant une saison de près de dix mois, un effort logistique colossal qui illustre la solidité de son ancrage dans le paddock.
Certains observateurs du secteur évoquent néanmoins un renouvellement à durée limitée, permettant à la NASCAR de tester à nouveau le marché à moyen terme. D’autant que des géants de l’énergie comme Shell, BP ou ExxonMobil disposent d’une visibilité internationale plus importante que Sunoco, un argument que la série pourrait exploiter pour élargir sa portée mondiale. Aujourd’hui, Sunoco compte environ 5 200 points de vente aux États-Unis, majoritairement concentrés dans le Nord-Est, avec 866 stations rien qu’en Pennsylvanie, contre seulement huit en Californie.
L’accord de carburant exclusif entre Sunoco et la NASCAR dépasse la simple logique de sponsoring. L’entreprise apporte une valeur ajoutée tangible en livrant le carburant aux équipes et aux circuits, tout en profitant de retombées promotionnelles significatives, comme les mentions à l’antenne et la présence de son logo sur les infrastructures emblématiques du Daytona International Speedway. Sunoco détient d’ailleurs toujours les droits de naming sur l’une des immenses entrées du circuit, appelée “Sunoco Injector”.
Reste que la question de la durabilité énergétique s’impose désormais comme un enjeu central dans le sport automobile mondial. Si la NASCAR n’a pas encore adopté de stratégie publique sur les carburants renouvelables, d’autres disciplines accélèrent leur transition. La F1 introduira en 2026 un carburant 100 % durable développé avec Aramco, après plusieurs années d’essais en F2 et F3. La NASCAR pourrait difficilement ignorer cette évolution, surtout alors qu’American Ethanol, partenaire de longue date de la série, a progressivement disparu du paysage.
