La troisième journée du procès intenté par la 23XI Racing et la Front Row Motorsports contre la NASCAR a livré mercredi un nouveau mélange de déclarations techniques, d’enjeux financiers colossaux et de tensions autour du fonctionnement du Charter, sans pour autant dévoiler l’essentiel des stratégies juridiques des deux camps. Les débats se sont poursuivis dans la salle du juge Kenneth D. Bell, où plusieurs témoins clés ont tenté de préciser les responsabilités de chacun dans un modèle économique qui cristallise les divergences.
Le moment fort de cette journée est intervenu lorsque Bob Jenkins, propriétaire de la Front Row Motorsports, a pris place à la barre. L’homme n’a jamais caché son attachement profond au sport. Ancien manager d’usine devenu géant de la franchise de restauration rapide, il a bâti un empire regroupant environ 400 Taco Bells, 30 KFCs et 50 Long John Silver’s. Il possède aussi une activité de transport routier et une structure logistique, un ensemble qui a servi à financer son rêve : entrer en NASCAR Cup Series.
Jenkins a rappelé son engagement de longue date. Il fut signataire du Charter de 2016, puis de son renouvellement en 2020, malgré ses réserves sur certaines dispositions jugées trop exclusives. Mais il a refusé de ratifier l’accord 2025, suivant la même ligne que 23XI Racing, et a co-initié cette action antitrust en réclamant 145 millions de dollars de dommages liés à ce qu’il considère comme une distorsion de concurrence.
Selon Jenkins, le Charter est bénéfique pour la discipline, mais l’accord qui l’encadre l’est beaucoup moins. Sous la pression du contre-interrogatoire mené par l’avocat Lawrence E. Buterman, il a toutefois admis que le système lui avait offert plusieurs avantages majeurs, notamment des places garanties sur les 36 courses de Cup et un contrôle strict des équipes sans Charter. Il a également reconnu avoir vendu et loué des Charters pour un total de 12,5 millions de dollars.
Jenkins a également souligné l’explosion des coûts depuis l’arrivée du Gen-7 en 2022, les dépenses de pièces passant de 1,8 million à 4,7 millions de dollars en moyenne. Dans le même temps, la Front Row Motorsports a vu ses revenus de sponsoring croître jusqu’à près de 9 millions de dollars en 2023. Une progression notable, même si l’avocat de la défense a insisté sur plusieurs choix internes, comme l’attribution gratuite de sponsoring à Long John Silver’s, y compris sur les Daytona 500, faute d’accords commerciaux conclus.
Cette journée d’audiences s’est achevée après la fin du témoignage de Scott Prime, EVP & Chief Strategy Officer de la NASCAR. Les 13 équipes ayant signé pour 2025 ont été longuement évoquées, Front Row et 23XI restant les deux seules structures à refuser le nouvel accord. Le contre-interrogatoire de Bob Jenkins reprendra jeudi.
