Procès antitrust de la NASCAR : Sixième journée

La deuxième semaine du procès antitrust opposant 23XI Racing et Front Row Motorsports à la NASCAR s’est ouverte dans une atmosphère studieuse au tribunal fédéral du Western District of North Carolina. Les débats ont rapidement pris une tournure technique, tant les arguments présentés reposaient sur des projections économiques complexes. Le cœur de la journée a porté sur l’analyse d’un économiste de renom, appelée par les plaignants pour tenter d’établir l’impact financier d’un modèle jugé trop restrictif par les équipes. Les premiers échanges ont montré que cette étape serait décisive pour la suite du procès.

Edward Snyder, professeur d’économie, est resté des heures à défendre sa thèse sur les pertes supposées subies par 23XI Racing et Front Row Motorsports entre 2021 et 2024. Son expertise devait permettre de définir les dommages financiers liés au fonctionnement du Charter system instauré en 2016. Selon lui, plusieurs dispositions de cet accord auraient freiné la croissance et la valorisation des équipes. Il a évoqué les clauses de non-concurrence, les conditions de goodwill imposées aux équipes titulaires d’un Charter, l’exclusivité des contrats avec certains circuits et les limites liées à l’usage des éléments techniques de la Gen-7, entrée en NASCAR Cup Series en 2022.

L’argument central de Snyder reposait sur l’idée qu’un championnat concurrent aurait pu émerger dès 2021 si ces restrictions n’avaient pas existé. Dans ce scénario, appelé “but for world”, les deux équipes auraient généré des revenus bien plus élevés. Selon ses calculs, 23XI aurait engrangé 41 millions de dollars supplémentaires et Front Row environ 43 millions sur la période étudiée. Il a ajouté une perte de valorisation estimée à 163,8 millions pour 23XI et 96,4 millions pour Front Row, en appliquant un multiple utilisé pour la Formule 1.

La défense a immédiatement contesté ce raisonnement. L’avocat Lawrence Buterman a rappelé qu’en 77 ans d’histoire, aucune série équivalente n’avait jamais émergé, même lorsque les équipes ne faisaient face à aucune restriction comparable. Il a également souligné que les pourcentages retenus par Snyder ne correspondaient pas aux chiffres réels de la F1, qui a redistribué 37 pour cent de ses revenus aux équipes en 2023 et 2024. Buterman a aussi pointé l’absence d’évaluation du risque d’une baisse des revenus de la NASCAR en cas de concurrence directe. Snyder a reconnu cette omission.

La journée avait débuté avec la fin du contre-interrogatoire de John Marshall, directeur exécutif de la Race Team Alliance. Il a rappelé que les négociations autour des Charters 2025 avaient débuté avec une demande globale de 720 millions de dollars par an. Il a admis que la majorité des propriétaires d’équipes avaient finalement accueilli favorablement l’offre de la NASCAR, comprise entre 410 et 451 millions, basée sur 45 pour cent des revenus télévisés. Treize équipes avaient signé l’accord, seules 23XI et Front Row l’avaient refusé.

Le procès reprendra mardi matin avec la suite du témoignage de Snyder. Les plaignants devraient ensuite appeler Steve Phelps, Richard Childress et Jim France, témoins attendus pour éclairer les décisions de gouvernance qui ont façonné la NASCAR moderne.