DeFrancesco, déterminé et de retour à plein temps

Il est rare de voir un pilote s’absenter une saison entière de NTT INDYCAR SERIES et parvenir à retrouver un volant à plein temps. Pourtant, Devlin DeFrancesco suit aujourd’hui les traces de Ryan Hunter-Reay, Oriol Servia et Ed Jones, qui ont su rebondir après une année loin de la discipline.

D’autres, comme Michael Andretti, Juan Pablo Montoya ou Sébastien Bourdais, ont également quitté le championnat avant de revenir, mais leur statut de champions leur avait ouvert les portes de la Formule 1. DeFrancesco, lui, n’avait pas de telle opportunité.

Dans la plupart des cas, une saison hors de la grille signifie une mise aux oubliettes. Servia a réintégré Newman/Haas Racing en 2011 après une année blanche, Jones a retrouvé un baquet chez Dale Coyne Racing, et Hunter-Reay a attendu 22 mois avant que Bobby Rahal ne lui redonne sa chance en juillet 2007.

Après deux saisons (2022 et 2023) avec Andretti Steinbrenner Racing, DeFrancesco s’est retrouvé sans volant en 2024. Pendant cette pause forcée, il a disputé cinq courses en IMSA WeatherTech SportsCar dans la catégorie GTD avec Forte Racing, tout en gardant un œil attentif sur l’INDYCAR SERIES. Il a profité de cette période pour analyser son pilotage et identifier les axes d’amélioration.

En décembre, le Canadien a finalement obtenu son billet de retour en intégrant Rahal Letterman Lanigan Racing au volant de la Honda n° 30, aux côtés de Graham Rahal et de la recrue Louis Foster, champion INDY NXT by Firestone 2024. Une opportunité qu’il peine encore à croire.

« J’étais cloué au lit avec la grippe lorsque Bobby (Rahal) m’a appelé pour m’annoncer la nouvelle. Il m’a simplement dit : « Bienvenue à bord. » C’était l’un des meilleurs jours que j’ai vécus depuis longtemps », confie DeFrancesco.

Son retour, il le doit en partie à son manager Sean Jones et au soutien indéfectible de la famille Steinbrenner. Mais cette période d’absence a été une épreuve mentale difficile.

« Regarder les courses sans pouvoir y participer était très dur. Mais cela m’a aussi permis de prendre du recul et d’analyser en profondeur ce que je devais améliorer. Je suis prêt à tout donner cette saison », assure-t-il.

Graham Rahal a rapidement noté son engagement et sa motivation.

« Devlin m’a impressionné dès le début. C’est le premier coéquipier qui, aussitôt son contrat signé, m’a envoyé une liste de points sur lesquels il voulait progresser. Il voulait mes conseils sur la gestion des pneus, la consommation de carburant, et bien d’autres aspects. Cela montre à quel point il est déterminé », explique Rahal.

Lors de ses deux saisons précédentes en INDYCAR, DeFrancesco était le quatrième pilote d’Andretti Global, sans réellement briller par ses résultats. Il n’a accédé au Firestone Fast Six qu’une seule fois (5e sur la grille du Grand Prix GMR à Indianapolis en 2023) et son meilleur résultat en course reste deux 12es places (Détroit 2022 et Gateway 2023).

Malgré tout, à 25 ans, il fait encore partie des jeunes talents du plateau. Il a déjà une victoire de classe à la Rolex 24 At Daytona à son palmarès (LMP2 en 2022 avec Colton Herta, Pato O’Ward et Eric Lux).

DeFrancesco s’est engagé sur un contrat pluriannuel avec RLL et voit en cette équipe un projet à fort potentiel.

« C’est rassurant d’avoir de la stabilité. RLL est une équipe ambitieuse qui a beaucoup travaillé cet hiver. Je suis convaincu que nous pouvons accomplir de grandes choses ensemble », affirme-t-il.

Si l’histoire nous enseigne quelque chose, c’est que les secondes chances peuvent mener loin. Servia a prolongé sa carrière de plusieurs saisons, Jones a exploré d’autres disciplines, et Hunter-Reay a transformé son retour en un titre INDYCAR en 2012 et une victoire aux 500 Miles d’Indianapolis en 2014.

Reste à voir ce que l’avenir réserve à DeFrancesco, mais une chose est certaine : il sait que cette opportunité est précieuse et compte bien en faire bon usage.

« Rahal est une équipe très forte, avec d’énormes ressources. Nous avons tous les deux beaucoup à prouver cette saison, et je suis persuadé que nous allons vivre de belles années ensemble », conclut-il.