Jeff Gordon revient sur la performance magistrale de Kyle Larson à Bristol

Jeff Gordon

Après la course de Bristol, Jeff Gordon, vice-président de Hendrick Motorsports, s’est présenté face aux médias pour évoquer la performance impressionnante de Kyle Larson, mais aussi pour rendre hommage à Jon Edwards, attaché de presse historique de l’équipe récemment décédé.

Est-ce que Kyle Larson peut encore vous surprendre après toutes les performances qu’il a déjà livrées ?

Jeff Gordon : Franchement, non. J’ai vu Kyle piloter tellement de types de voitures différents, faire des choses incroyables, dominer des courses… Pour moi, la question, maintenant, c’est : quels records va-t-il encore faire tomber ? Je suis surtout content qu’il fasse partie de notre organisation et qu’il soit associé à Cliff Daniels, un duo pilote-chef d’équipe vraiment solide.

On a récemment changé l’équipe de ravitaillement, c’était un gros ajustement. Et avec la perte de Jon cette semaine, cette victoire prend une signification particulière. Chez Hendrick, on a cette capacité à répondre présent dans les moments les plus durs. On l’a encore prouvé aujourd’hui.

Justement, Kyle parlait hier d’un voyage marquant à Dubaï avec Jon Edwards après le titre 2021. Vous avez travaillé avec lui plus longtemps que quiconque. Qu’est-ce qui vous a marqué dans votre relation avec lui ?

Jeff Gordon : Jon était plus qu’un attaché de presse. Il était un pont entre les pilotes, les équipes, les médias, les fans, les sponsors… tout en nous permettant de rester concentrés sur notre boulot. Il était le meilleur dans ce rôle.

Il adorait voyager, vivre pleinement chaque instant. Cette semaine, j’ai parlé avec beaucoup de gens que je n’avais pas vus depuis longtemps. Jon avait des amis dans tous les univers, il aimait tous les types de sports mécaniques. On a perdu quelqu’un de très précieux.

Lorsqu’on domine une course comme Kyle l’a fait, est-ce qu’on ne passe pas la course à redouter que quelque chose vienne tout gâcher ?

Jeff Gordon : Oh, complètement. Quand t’es dans cette situation, tu te dis : « S’il te plaît, pas de problème, pas maintenant… » Tu scrutes chaque vibration, chaque dépassement de retardataire en pensant que ça va mal tourner.

Il a même touché le mur à quelques tours de l’arrivée… Donc tu pries pour qu’il ne fasse pas d’erreur, mais aussi que les autres n’en fassent pas. On a vu tellement de fois une voiture dominante se faire avoir. Là, ça n’est pas arrivé. Et franchement, c’est mérité.

Après un événement aussi tragique que la perte de Jon, est-ce que venir au circuit est une manière d’évacuer ou est-ce que c’est plus difficile encore ?

Jeff Gordon : Aujourd’hui, en arrivant ici, c’était clairement différent, c’était dur. On a traversé beaucoup d’épreuves chez Hendrick depuis 40 ans. Et quand on a de l’expérience, on essaie de faire ce que la personne aurait voulu.

Jon n’aurait pas voulu qu’on parle de lui. Il aimait rester discret, être cet héros de l’ombre. Mais venir ici, courir, être ensemble, c’est aussi notre manière de faire face. Ça nous soude en tant qu’équipe. Et ça, c’est un héritage qu’il nous laisse.

Kyle a failli réussir le triplé ce week-end. Qu’est-ce que ce week-end représente pour vous malgré la deuxième place en Truck ?

Jeff Gordon : Oui, je sais combien il voulait réussir le triplé. À Homestead déjà, il était passé près. Mais pour lui, la deuxième place vendredi était logique vu le niveau du camion. C’est un pilote qui sait analyser objectivement.

Bristol est un circuit où il est tout simplement incroyable. Notre équipe y a souvent été performante. On voit aussi notre structure Xfinity monter en puissance. On fait plus de choses en interne, et avec un jeune comme Corey Day, c’est encourageant. Mais quand tu mets Larson dans une voiture ici, t’as intérêt à gagner, sinon t’as un peu l’impression d’avoir raté quelque chose.

On a parlé de Jon comme attaché de presse. Qu’est-ce qui faisait sa force à ce poste ?

Jeff Gordon : Il savait nous rappeler les priorités. Quand tu cours toutes les semaines, tu peux passer à côté d’opportunités. Jon, lui, te disait : « Il faut qu’on fasse ça. Peut-être pas aujourd’hui, mais on doit le faire. » Et quand il disait ça, tu savais qu’il avait raison.

Il aimait son boulot, il aimait ce sport, et il savait t’embarquer avec lui. C’est exactement ce qu’on attend d’un bon PR.

En tant qu’ancien pilote, quel type de course préférez-vous à Bristol ? Celle de l’an passé avec une énorme dégradation des pneus, ou celle d’aujourd’hui avec une course très fluide ?

Jeff Gordon : J’avoue être un peu déçu par le manque de dégradation aujourd’hui. On s’attendait à beaucoup d’usure, et finalement… rien.

Mais je n’aimais pas non plus la course de l’an dernier. Goodyear a un boulot très difficile. On leur demande des pneus qui s’usent, mais pas trop. Je ne les envie pas du tout.

L’an dernier, ça a peut-être été divertissant pour les fans, mais courir deux secondes au tour plus lent juste pour gérer ses pneus, ce n’est pas du NASCAR selon moi. Donc oui, je préfère la course d’aujourd’hui, même si je reste un peu sur ma faim.

Chez Hendrick Motorsports, l’objectif c’est le championnat. Où en êtes-vous après ce début de saison très solide ?

Jeff Gordon : Voir nos quatre équipes bien performer, marquer des points régulièrement, c’est très encourageant. J’étais dégoûté pour la 48 aujourd’hui, ils avaient une super voiture.

Mais on ne se repose pas sur nos lauriers. Je pense qu’on est encore derrière sur certains points, notamment en vue du Championship 4. Il y a des circuits qu’on aime, d’autres qui nous inquiètent. Et aujourd’hui, on sait qu’on n’est pas encore l’équipe à battre à Phoenix.

On a encore du boulot. Mais on a les meilleures personnes pour y arriver. Des victoires comme aujourd’hui sont précieuses, elles nous motivent. Mais ce n’est pas Phoenix. Et on n’oublie pas ça.