
Justin Allgaier n’a pas levé les bras à l’arrivée de l’United Rentals 250 sur le Talladega Superspeedway. Il n’en avait pas besoin. Le vétéran de la Chevrolet n°7 de la JR Motorsports savait qu’il venait d’accomplir l’essentiel : un top 5 solide, synonyme de qualification pour le Championship 4 de la NASCAR Xfinity Series. À 39 ans, le champion en titre défendra donc sa couronne le 1er novembre prochain au Phoenix Raceway.
Dans les stands, le soulagement se lisait sur les visages. Dale Earnhardt Jr., propriétaire de la JR Motorsports, a pris son pilote dans les bras, tandis que le chef d’équipe Jim Pohlman, sur le départ à la fin de la saison, serrait la main d’Allgaier avec un sourire de circonstance. L’équipe savait que l’objectif était atteint, et qu’une semaine plus tranquille l’attend désormais à Martinsville.
« Je ne mange même pas de hot-dogs, mais j’en prendrai probablement un à Martinsville, juste parce que… on peut enfin respirer », plaisantait Allgaier, conscient du luxe d’aborder la dernière course des Round of 8 sans pression.
Allgaier a conclu l’épreuve en troisième position après un ravitaillement tardif, décrochant ainsi son troisième top 10 consécutif. Son coéquipier Carson Kvapil, auteur d’une superbe fin de course, a terminé deuxième à seulement 0,105 seconde du vainqueur Austin Hill. Une performance qui le replace dans la lutte pour la qualification, passant d’un déficit de 22 points à une avance de 11 unités sur la ligne d’élimination avant Martinsville.
La JR Motorsports pourra donc compter sur trois de ses quatre pilotes encore en lice : Allgaier, Kvapil et le Rookie Connor Zilisch, déjà assuré d’une place parmi les finalistes. Seul Sammy Smith, neuvième à Talladega, devra combler un retard de 11 points pour espérer rejoindre ses coéquipiers en finale.
« On a fait exactement ce qu’on voulait faire ce week-end, » expliquait Kvapil après la course. « On voulait marquer des points d’étape, rester dans le coup, et être là à la fin. C’est ce qu’on a fait. »
Pour Jesse Love, poleman et pilote de la Richard Childress Racing, la journée s’est révélée plus compliquée. Après un arrêt sous drapeau jaune à deux tours de la fin, il n’a pu faire mieux que dixième. Avec 40 points d’avance sur la zone d’élimination, le jeune pilote garde un matelas, mais sait que rien n’est garanti à Martinsville.
« L’an dernier, j’ai roulé propre et j’ai quand même fini dans le mur, » rappelait-il. « À Martinsville, tout peut arriver. On va juste essayer de survivre et penser à Phoenix. »
Chez la JR Motorsports, la stratégie a une nouvelle fois été au cœur de la discussion. Lorsque la course est partie en prolongation, Pohlman a pris la décision risquée de faire rentrer la Chevrolet n°7 pour un dernier plein. Une manœuvre similaire à celle tentée au Kansas, qui avait alors coûté la victoire. Mais cette fois, le pari a payé : Allgaier a évité la panne sèche et assuré sa place pour Phoenix.
« Jim était presque désolé à la radio, mais je lui ai dit que c’était la bonne décision, » confiait Allgaier. « On aurait pu tomber en panne et tout perdre. Là, on a joué la sécurité, et ça a fonctionné. »
Ce n’est pas la première fois qu’Allgaier se met à l’abri avant la dernière manche d’un round. Déjà qualifié à l’avance au Charlotte Roval, il aborde à nouveau la fin de phase sans pression. Un avantage psychologique non négligeable avant Phoenix, où il aura la possibilité de devenir double champion de la NASCAR Xfinity Series.
« Quand on peut courir sans se soucier des points, on s’amuse plus, » reconnaît-il. « Et c’est souvent là qu’on devient le plus dangereux. Je peux désormais me concentrer sur Phoenix, affiner nos réglages et être prêt pour la grande finale. »
Mais avant cela, Allgaier a promis de célébrer à sa manière. « Je vais manger un hot-dog à Martinsville, c’est sûr. Je n’en ai pas mangé depuis 25 ou 30 ans. Rien que ça, c’est un signe que tout va bien. »