
Le Talladega Superspeedway a encore frappé. Dans un final typique de l’Alabama, aussi imprévisible que cruel, la Hendrick Motorsports a vu ses espoirs s’envoler dans les derniers mètres d’une course que ses deux pilotes dominaient encore quelques secondes plus tôt. Kyle Larson et William Byron, parfaitement positionnés pour offrir à l’écurie un double top 5, ont finalement quitté Talladega avec un goût amer et une frustration immense.
Tout semblait pourtant sous contrôle. À l’entame du dernier tour, Larson menait le peloton sur la ligne intérieure, Byron dans son sillage, prêts à défendre leur position face à l’extérieur mené par Ryan Blaney et Joey Logano. Mais le rêve a viré au cauchemar en un clin d’œil. À la sortie du virage 2, la Chevrolet n°5 a commencé à tousser. Larson venait de tomber à court d’essence. Contraint de lever le pied, il s’est écarté pour laisser passer le peloton, brisant instantanément la cohésion de la ligne intérieure.
Privé de soutien, Byron a tenté de maintenir la tête, mais la perte d’élan a été fatale. En quelques centaines de mètres, la n°24 s’est retrouvée isolée, ballotée au milieu d’un paquet déterminé à tout tenter dans le dernier virage. En sortie du virage 4, la tension a explosé. Carson Hocevar, lancé plein gaz, a touché l’arrière de Byron, envoyant la Chevrolet en tête-à-queue. De potentiel top 5, le pilote d’Atlanta a chuté à la 25ème place sous le drapeau à damier.
« C’est comme ça à Talladega », a relativisé Byron après la course. « J’étais bien placé sur la ligne intérieure, mais quand Kyle est tombé en panne d’essence, toute l’énergie s’est dissipée. On n’a jamais réussi à reformer la ligne. On avait pourtant le rythme pour finir devant. »
Larson, lui, n’a pas caché sa déception : « On pensait que ça passerait, que la quantité d’essence était suffisante. J’ai eu un premier avertissement au milieu du virage 1, puis ça a commencé à bégayer à la sortie du 2. C’est probablement l’une des fins les plus frustrantes que j’aie connues en superspeedway. On était exactement là où il fallait, et tout s’est écroulé. »
Le champion 2021 a finalement franchi la ligne à la 26ème place, sauvant malgré tout un point précieux. Ce maigre butin lui permet de rester solidement installé dans le top 8 des playoffs, 36 points devant Byron.
Le contraste est saisissant entre les deux coéquipiers. Il y a encore quelques tours, Byron semblait sur la voie royale pour sécuriser sa place avant Martinsville. Mais cette fin de course a tout changé. En un dernier tour, il est passé de 16 points au-dessus de la ligne de coupure à 36 points derrière Larson.
« Il va falloir aller chercher la victoire à Martinsville, c’est aussi simple que ça », a-t-il admis. « Nous étions en position de gagner à Vegas et à Talladega, donc il n’y a pas de raison de ne pas pouvoir le faire la semaine prochaine. Il faut se battre jusqu’au bout. »
Byron, qui avait pourtant signé la saison régulière la plus solide de sa carrière, se retrouve désormais dos au mur. Un scénario brutal, typique de la NASCAR Cup Series, où rien n’est jamais acquis avant le drapeau à damier. Larson, lui, reste en bonne posture avant le cutoff, mais il sait mieux que quiconque qu’à Martinsville, la marge d’erreur est inexistante.
Le Superspeedway de Talladega aura encore prouvé qu’il n’y a pas de scénario écrit dans la NASCAR : une course peut basculer à tout instant, et même les meilleures équipes, comme la Hendrick Motorsports, peuvent tout perdre dans les derniers mètres.