Las Vegas n’a jamais manqué de drames en NASCAR Cup Series, et l’édition 2025 des South Point 400 n’a pas dérogé à la règle. Première manche des Round of 8, cette course sur le 1,5 mile du Las Vegas Motor Speedway a complètement redistribué les cartes dans la lutte pour le titre, confirmant que rien n’est jamais acquis lorsque le jackpot se joue à Sin City.
Si Denny Hamlin n’était pas forcément le favori annoncé pour s’imposer dans le Nevada, le vétéran de la Joe Gibbs Racing a une nouvelle fois rappelé pourquoi il figure parmi les meilleurs de sa génération. Avec une Toyota Camry XSE parfaitement réglée, il a décroché sa sixième victoire de la saison, la soixantième de sa carrière, et surtout son billet pour le Championship 4 sur le Phoenix Raceway.
À 44 ans, Hamlin savoure cette qualification comme un accomplissement. Trois fois vainqueur du Daytona 500, souvent cité comme l’un des plus grands sans couronne, il retrouvera la finale pour la première fois depuis 2021 — et pour la première fois de l’ère Next Gen. Une délivrance, mais aussi un message clair à ses adversaires : il faudra encore compter sur lui jusqu’à la dernière course.
« On doute tous parfois de nos capacités », confiait un Hamlin visiblement ému après sa victoire. « Même les plus grands pilotes ont des moments de remise en question. Mais des journées comme celle-ci vous rappellent que vous êtes toujours capable de performer au plus haut niveau. Aujourd’hui, on m’a donné le ballon à la fin du match, et j’ai marqué. »
Cette victoire offre à la Joe Gibbs Racing une rare opportunité de préparer sereinement la finale de Phoenix, tandis que la concurrence devra batailler sur deux circuits aussi imprévisibles que Talladega et Martinsville.
Pour Hendrick Motorsports, le contraste est saisissant. Kyle Larson, dominateur durant la majeure partie de la course avec le plus grand nombre de tours menés, a dû se contenter de la deuxième place. Un résultat solide qui le propulse en tête du classement des séries éliminatoires, 35 points au-dessus de la ligne de qualification. Mais la journée a tourné au cauchemar pour ses coéquipiers.
William Byron, longtemps dans le top 5, a vu ses espoirs s’envoler après un incident malheureux avec Ty Dillon, qui est entré aux stands alors que la Chevrolet n°24 tentait un dépassement à l’intérieur. L’impact a coûté cher au champion de la saison régulière, désormais cinquième du classement, à 15 points du cut. Quant à Chase Elliott, une pénalité pour excès de vitesse en pitlane a ruiné son après-midi, le laissant sixième au général, à 23 points de la qualification.
Chez la Joe Gibbs Racing, Christopher Bell et Chase Briscoe ont profité de la dynamique de leur coéquipier pour signer deux solides top 5, montant respectivement sur les troisième et quatrième marches du classement général.
À l’inverse, la Team Penske a connu un week-end difficile. Joey Logano, champion en 2022, s’en sort avec une sixième place grâce à une audacieuse stratégie à deux pneus lors du dernier arrêt, mais reste sous pression à la septième place du classement, 24 points derrière la limite. Ryan Blaney, quant à lui, a vécu un enfer : un pneu crevé dès le 70ème tour a envoyé la Ford n°12 dans le mur. Résultat, une dernière place et une chute vertigineuse au classement, de deuxième à huitième, à 31 points du cut.
Et maintenant, direction le Talladega Superspeedway pour le YellaWood 500. Un tracé où tout peut arriver, mais où certains savent mieux que d’autres tirer profit du chaos. Hamlin, Blaney, Logano, Elliott ou encore Byron ont déjà brillé sur les superspeedways. Mais l’histoire montre que Talladega n’épargne personne — pas même les favoris.
Denny Hamlin est aujourd’hui le seul pilote du top 4 à avoir déjà remporté une course à Talladega. Derrière lui, Larson, Bell et Briscoe devront miser sur la régularité et éviter les pièges d’un peloton compact où la moindre erreur peut coûter une saison entière.
Comme le résume Logano : « On sait ce qu’on a à faire. Il reste deux courses, et sans victoire, il faudra être parfait. Tout le monde a roulé fort aujourd’hui. Les voitures des playoffs sont toutes au top, et les rattraper va demander un exploit. »
À Las Vegas, Hamlin a prouvé que l’expérience et la maîtrise pouvaient encore triompher du hasard. Reste à voir si la chance restera de son côté jusqu’à Phoenix.
