Sous pression à Martinsville, la Hendrick Motorsports vise un nouveau chapitre historique

Le bruit familier des V8 Chevrolet résonnera une fois encore sur le short track le plus emblématique de la NASCAR. À Martinsville, la Hendrick Motorsports revient sur un territoire qu’elle connaît mieux que quiconque. Trente victoires s’offrent à elle si tout se passe comme prévu dimanche. Mais cette fois, l’enjeu dépasse largement les statistiques. C’est une question de survie.

Les Xfinity 500 de ce week-end n’est pas une course ordinaire. C’est la dernière manche du Round of 8, celle qui décidera quels quatre pilotes s’élanceront pour le titre lors de la finale au Phoenix Raceway le 2 novembre. Depuis 2020, Hendrick Motorsports a toujours eu au moins une voiture qualifiée pour le Championship 4, et ce record est clairement menacé.

William Byron, Chase Elliott et Kyle Larson sont encore en lice, mais seulement deux places restent disponibles. Denny Hamlin et Chase Briscoe (Joe Gibbs Racing) ont déjà validé leur ticket grâce à leurs victoires à Las Vegas et Talladega. Pour Hendrick, le calcul est simple : tout autre résultat qu’une victoire ou une performance de très haut niveau pourrait signifier la fin du rêve pour une ou plusieurs de ses stars.

La Hendrick Motorsports reste pourtant redoutable à Martinsville. Cinq victoires lors des quatorze dernières courses, autant que la Joe Gibbs Racing. La Team Penske n’est pas loin avec quatre succès, dont deux consécutifs de Ryan Blaney lors des épreuves d’automne. Autant dire que l’équilibre des forces est fragile à l’approche de cette manche décisive.

La semaine dernière à Talladega a tourné au cauchemar pour les pilotes Hendrick. Byron a terminé en tête-à-queue dans le dernier tour, Larson est tombé en panne sèche à quelques mètres de l’arrivée, et Elliott a vu sa course ruinée dès la première étape. Trois déconvenues consécutives qui laissent planer le doute, mais aussi une envie de revanche évidente.

Kyle Larson, solide quatrième du classement, est l’atout le plus sûr de l’équipe. Avec une probabilité de progression estimée à 81,8 % par Racing Insights, il aborde Martinsville avec confiance. Troisième sur la grille, il affiche une moyenne de 3,2 points lors des six dernières courses sur le short track, meilleure statistique du plateau. Chaque fois, la Chevrolet n°5 a terminé dans le top 6. Mais derrière ces chiffres se cache une bataille serrée : un seul point le sépare de Christopher Bell, autre prétendant majeur. Tout faux pas pourrait être fatal.

Chase Elliott, lui, est dans une situation beaucoup plus critique. Avec seulement 9,6 % de chances de qualification et un déficit de 62 points, le champion 2020 n’a qu’une option : gagner. Ironie du sort, c’est justement à Martinsville qu’il avait décroché la victoire décisive en 2020, avant de filer vers le titre à Phoenix. Alan Gustafson, son chef d’équipe, garde la foi : « Se lamenter ne sert à rien. On sait ce qu’on doit faire : venir ici pour gagner. » Elliott a mené la séance d’essais samedi, preuve que la Chevrolet n°9 a encore des ressources. Ses trois derniers passages à Martinsville se sont soldés par trois top 4, plus que tout autre pilote.

Quant à William Byron, son statut de champion de la saison régulière n’est plus qu’un souvenir. Après son crash à Las Vegas et son incident dans le dernier tour à Talladega, il aborde Martinsville à -36 points du cut. Pourtant, il partira en pole, un avantage non négligeable sur cette piste où la position de départ pèse lourd. Ses deux victoires ici lors des sept dernières courses témoignent de son potentiel. Mais avec seulement deux top 10 en playoffs, il devra afficher un niveau de performance bien supérieur pour décrocher une troisième participation consécutive au Championship 4.

Dimanche, Hendrick Motorsports ne jouera pas seulement une victoire. Elle défendra son héritage, sa réputation et son influence sur la NASCAR moderne. Martinsville a souvent été le théâtre de ses plus grands triomphes. Cette fois, il pourrait en décider autrement.