Un combat héroïque, mais pas de miracle pour Blaney à Martinsville

Ryan Blaney savait que son dimanche au Martinsville Speedway serait sans filet. Pour espérer défendre son titre NASCAR Cup Series, une seule option existait : la victoire. Et malgré un combat acharné, la n°12 de la Team Penske a vu ses espoirs s’éteindre à quelques tours du drapeau à damier, face à une Chevrolet Camaro n°24 de la Hendrick Motorsports irrésistible menée par William Byron.

« Dommage », a simplement résumé Blaney après la course. Le mot était sec, mais juste. Car tout au long des 500 tours, le champion en titre a incarné la résistance et la combativité d’un pilote refusant d’abandonner. Parti 31ème – pire position de départ parmi les pilotes encore en lice pour le titre – Blaney a entamé une remontée méthodique, symbole d’une maîtrise rare sur le short track le plus exigeant du calendrier.

Dès le 77ème tour, il était déjà dans le top 15. Trente tours plus tard, il pointait dans le top 10. À la fin du premier segment, il arrachait la septième place, sans que cela n’ait de réelle incidence sur sa qualification, mais confirmant sa présence parmi les plus rapides du peloton. L’énergie du champion 2023 semblait intacte. Le plan était clair : se battre jusqu’au dernier tour.

« Je suis super fier de ce qu’on a fait », expliquait Blaney. « Partir du fond et se battre pour la victoire, c’est tout ce qu’on peut espérer. J’ai tenté ma chance, mais la n°24 a juste été un peu meilleure que nous à la fin. »

Le duel Blaney–Byron a pris toute sa dimension dans le dernier quart de la course. La Ford Mustang de la Team Penske dominait la seconde moitié, mais le trafic a redistribué les cartes. Au 457ème tour, Byron a trouvé l’ouverture. En tentant de doubler Ty Dillon, Blaney s’est retrouvé vulnérable à l’intérieur. Byron a plongé dans le virage 1, et les deux voitures se sont frôlées. Un contact léger, mais suffisant pour inverser la hiérarchie. La n°24 prenait la tête, et ne la lâcherait plus.

« On essaie tous les deux de gagner », a commenté Blaney. « Il a vu une opportunité, il l’a saisie. J’aurais fait pareil. Ce n’était rien d’intentionnel, juste deux pilotes qui se battent à fond. »

Le public de Martinsville, habitué à des finales musclées, retenait son souffle. Une neutralisation à 18 tours de la fin offrait un dernier espoir à Blaney. Les deux leaders rentraient aux stands, ressortaient aux deux premières positions, prêts à s’affronter pour un sprint final de 11 tours. Mais dès la relance, Byron exécutait un restart parfait. Blaney, malgré un bon départ, voyait la Chevrolet filer dans les virages 1 et 2. L’écart se creusait, irrattrapable.

« Je ne vais pas balancer quelqu’un juste pour gagner », confiait Blaney. « Ce n’est pas mon style. J’espérais pouvoir le rattraper, mais sa voiture a très bien redémarré. Je ne me suis jamais assez rapproché pour lui donner un coup de pare-chocs. »

À l’arrivée, Blaney coupait la ligne en deuxième position, la tête haute mais le cœur lourd. L’élimination était scellée. L’équipe Penske voyait ainsi sa série s’interrompre : aucun de ses pilotes ne sera présent au Championship 4 à Phoenix, une première depuis 2021. Une anomalie pour une organisation qui a remporté les trois derniers titres Cup consécutifs avec Joey Logano et Ryan Blaney.

Jeff Gordon, vice-président de la Hendrick Motorsports, saluait la performance du champion sortant : « Franchement, partir 31ème et se battre pour la victoire ici, c’est presque impossible. Quand Byron a pris la tête, je me suis dit : ‘Comment Blaney a réussi à revenir jusque-là ?’ C’était impressionnant. »

Pour Blaney, l’échec de Martinsville n’efface rien. Il rappelle au contraire que le champion 2023 reste l’un des pilotes les plus complets du plateau. Sa capacité à tirer le maximum de sa voiture, son calme sous pression et son sens du fair-play en font un modèle rare dans une ère où la moindre erreur se paie cash.

Phoenix ne le verra pas défendre sa couronne, mais son week-end à Martinsville restera comme une démonstration de caractère. Et peut-être un avertissement pour 2025 : le champion n’a pas dit son dernier mot.