Pourquoi Darlington mérite vraiment son surnom

Darlington fait, en partie, peau neuve

Il n’a fallu qu’un seul tour à AJ Allmendinger autour du Darlington Raceway pour comprendre l’origine de son surnom. C’était en 2007. Allmendinger pilotait alors la Toyota n°84 du Red Bull Racing. Rapidement, il est allé frotter le mur — ce que son équipe a accueilli avec un calme déconcertant. « C’est normal, tout le monde le fait ici », lui ont-ils dit. Rite de passage obligé. Au tour suivant, même scénario. Et même réaction. Mais au quatrième tour…

« Je l’ai fracassée pour de bon, et là ils m’ont dit : OK, stop, ça suffit », plaisante Allmendinger.

Presque vingt ans plus tard, le sentiment reste le même pour lui lorsqu’il revient sur cette piste mythique.

« Je ne sais toujours pas vraiment comment m’y prendre ici. C’est un endroit à part. Je n’irai peut-être pas jusqu’à faire des réserves d’eau comme Kyle Petty pour y organiser un tournoi de pêche, mais je continue d’y apprendre à chaque passage. »

La « Too Tough To Tame » porte bien son nom

Surnommée The Lady in Black et surtout The Track Too Tough To Tame, Darlington est l’un des circuits les plus redoutés du calendrier.

Long de 1,366 mile (2,20 km), son tracé en forme d’œuf et ses virages asymétriques sont uniques dans le paysage NASCAR. Le moindre écart de trajectoire peut envoyer une voiture contre le mur — souvent à la sortie du virage 2, là où la ligne idéale semble se rétrécir et happer les voitures sans prévenir.

« Le vrai danger ici, c’est à quel point il est facile de commettre une erreur », explique Alex Bowman.

Avec la voiture Gen-6, le moindre contact se traduisait souvent par une crevaison immédiate. Même si la Next Gen est un peu plus tolérante, l’intensité stratégique et mentale reste inchangée.

« On peut vite oublier qu’il faut juste rouler ici. On se retrouve à batailler avec un concurrent… et en un instant, on se retrouve dans la barrière. »

Un enfer pour les carrosseries… et les poumons

Michael McDowell se souvient des courses avec les anciennes voitures où les parois latérales, une fois arrachées par un choc, laissaient entrer les fumées et la chaleur de l’échappement.

« C’était horrible. On finissait tous par taper le mur à un moment ou à un autre. Ensuite, on passait la nuit à respirer ça… et le lendemain, on le sentait encore. »

Une concentration sans relâche

McDowell, comme Allmendinger, a compris très vite ce que signifiait piloter à Darlington.

« La tension dans la voiture est immense. Surtout lors de la première année. On ne respire pas, on ne lâche pas le volant. On est tellement crispé que chaque sensation est amplifiée. »

La concentration extrême est un thème récurrent chez tous les pilotes. Même les plus expérimentés finissent par recevoir, à un moment ou un autre, ce rappel classique à la radio : « Concentre-toi sur la piste, pas sur les autres. »

« C’est l’un des circuits les plus durs mentalement », affirme Ryan Blaney. « Il n’y a aucun répit. À Homestead, tu peux parfois te relâcher un peu, mais ici ? Chaque tour est une lutte. »

Darlington ne pardonne pas… même aux meilleurs

Allmendinger admire ceux qui font paraître cette piste facile.

« Quand je regarde Denny Hamlin ou Kyle Larson ici, j’ai l’impression qu’ils ne forcent même pas. C’est impressionnant. »

La Southern 500, summum de l’épuisement mental

Le Goodyear 400 du printemps est une tradition, mais c’est surtout le Cook Out Southern 500 à l’automne — 500 miles d’enfer — qui reste la référence.

En 2024, Tyler Reddick a qualifié sa course comme « la plus éprouvante mentalement de sa carrière ». Malade, mais en lutte pour le titre de champion de saison régulière, il est allé chercher les points qu’il lui fallait, un seul devant Kyle Larson.

« Darlington, c’est unique. Il n’y a aucune autre course où je ressens ce type d’épuisement mental. »

Et après la course ? Le calme… ou presque

« Le lundi, on est cuit mentalement », confie Reddick. « Le trajet retour vers Charlotte, deux heures et demie de route, me permet de décrocher. Une fois rentré, je n’ai plus envie de rien. Juste dormir. Et honnêtement, pour Darlington, c’est parfait. »