À Bristol, la Next Gen se perd dans l’uniformité !

NASCAR Cup Series Bristol

Ce dimanche à Bristol, les fans de NASCAR ont assisté à ce que beaucoup décrivent déjà comme la course la plus ennuyeuse de l’histoire moderne de la discipline. Aucun rebondissement marquant, zéro dépassement en tête sur les 500 tours, une usure des pneus inexistante, et une impression générale d’assister à une procession sans enjeu. Pourtant, cette situation n’est pas nouvelle. Elle est le fruit d’un problème structurel qui s’exprime pleinement sur les short tracks depuis l’introduction des voitures Next Gen : la parité technique poussée à l’extrême.

La NASCAR a toujours été animée par le désir de niveler les performances entre les équipes. Offrir une chance à tout le monde, créer du suspense et éviter qu’un constructeur ou une équipe ne domine outrageusement. L’intention est louable, et sur les circuits intermédiaires, force est de constater que cette stratégie fonctionne. Les courses y sont souvent passionnantes, stratégiques, imprévisibles. Les écarts sont certes minces, mais les différences dans les réglages, le pilotage ou la gestion des pneumatiques permettent encore aux meilleurs de se distinguer.

Mais sur les short tracks comme Bristol, c’est une toute autre histoire. Ici, les virages arrivent si vite, les lignes droites sont si courtes, que la moindre variation de performance ou de trajectoire devient pratiquement impossible à exploiter. Et quand toutes les voitures roulent au même rythme – littéralement – alors la course se fige. Cette quête de parité a tout simplement tué l’essence même des courses sur short tracks. Le pilote le plus rapide n’a aucun moyen de remonter, car il est enfermé derrière d’autres voitures qui tournent à la même cadence que lui. Et sans dégradation significative des pneus, il n’y a pas d’évolution dans les rythmes de course, pas d’opportunités créées par des stratégies alternatives. On se retrouve avec un peloton figé, où la seule variable qui pourrait changer la donne est une erreur… qui ne vient pas.

Le plus frappant dans tout cela, c’est que les pilotes eux-mêmes, à demi-mot, admettent leur impuissance. Ils savent que même avec une voiture légèrement meilleure, ils n’auront pas la place ni le temps de créer une opportunité. Et lorsque des courses entières se décident exclusivement sur la position de départ ou la stratégie d’arrêts sous drapeau jaune, on s’éloigne dangereusement de l’idée que c’est le pilotage qui fait la différence. On assiste à une standardisation du spectacle qui, sur les short tracks, devient contre-productive.

Ce constat n’est cependant pas universel. Sur les circuits intermédiaires – Kansas, Homestead, Texas – la Next Gen brille. Les courses y sont intenses, les dépassements fréquents, les choix stratégiques variés. C’est là que les différences de pilotage, d’aérodynamique ou de setup font la différence. Là où la voiture Next Gen montre enfin tout son potentiel.

Bristol, en revanche, a agi comme une loupe grossissante sur les faiblesses du système actuel. Le manque de diversité dans les configurations techniques, couplé à une absence totale de dégradation des pneus, a privé les fans du moindre rebondissement. Même la saleté, parfois salvatrice en version dirt, ne viendra plus sauver ce short track mythique, désormais de retour à l’asphalte mais vidé de sa substance.

Le problème est clair : si NASCAR veut sauver ses short tracks, elle devra réfléchir à une adaptation technique spécifique pour ces circuits. Cela pourrait passer par des pneus plus tendres, une aérodynamique simplifiée, un package moteur moins restrictif ou des réglages plus permissifs pour différencier les voitures. Il faudra casser cette uniformité pour redonner une chance à l’imprévu, à l’instinct, à l’audace.

La course de dimanche n’était pas simplement ennuyeuse, elle était symptomatique. Elle a montré que la recherche d’équité, si elle n’est pas modulée selon les tracés, peut aller à l’encontre même du spectacle. Bristol mérite mieux. Les fans aussi. Et NASCAR devra en tirer les conséquences si elle veut que ses légendaires short tracks retrouvent un jour leur âme.