Les millions de la NASCAR exposés : ce que révèle la charte 2025

C’est une première depuis près d’une décennie : la charte régissant les aspects financiers et compétitifs de la NASCAR Cup Series pour 2025 est désormais publique. Et ce, non pas à l’initiative de la NASCAR, mais à la suite d’une décision judiciaire qui pourrait bien marquer un tournant dans les relations entre la sanction et les équipes.

Cette publication fait suite à la décision du juge Kenneth D. Bell en faveur de 23XI Racing et Front Row Motorsports, dans une affaire qui opposait les deux structures à la NASCAR. Le tribunal a choisi de déclassifier un ensemble de documents relatifs au dossier, dont une copie intégrale de la charte 2025 de la NASCAR Cup Series.
Ce document, identique pour chacune des treize équipes signataires, provient de la Hendrick Motorsports, pour la voiture n°24 actuellement enregistrée sous le numéro de Charter 08.

Pour la première fois, il est donc possible de consulter l’intégralité du texte qui fixe les règles économiques entre la NASCAR et ses équipes membres. Si certains principes étaient déjà connus, les chiffres précis des paiements et des mécanismes de rémunération n’avaient jamais été rendus publics jusqu’à cette semaine.

L’accord précédent, signé à partir de 2016, reposait sur une moyenne mobile sur trois ans des classements au championnat pour déterminer la part des revenus allouée à chaque équipe par la NASCAR. Désormais, la nouvelle version introduit un modèle plus réactif basé sur deux années seulement.
Autrement dit, le résultat au championnat de la saison écoulée compte à 100 %, tandis que celui de l’année précédente pèse à hauteur de 50 %. Une évolution qui valorise davantage la performance immédiate et punit les écuries en difficulté prolongée.

Ce changement a déjà des conséquences notables. On comprend mieux pourquoi les Wood Brothers ont tant insisté sur l’importance de leur victoire récente : deux apparitions consécutives dans le top 16 du championnat leur garantissent une part de revenus bien plus élevée selon le nouveau mode de calcul.
À l’inverse, Richard Childress a publiquement regretté que la NASCAR ait invalidé la qualification d’Austin Dillon pour les séries éliminatoires après sa victoire controversée à Richmond. Cette décision aurait privé la voiture n°3 de deux places successives dans le top 16, entraînant une perte financière non négligeable pour la Richard Childress Racing.

Le texte éclaire également les choix stratégiques de certaines structures émergentes. Ainsi, Trackhouse Racing a rapidement choisi de promouvoir Shane van Gisbergen en Cup Series pour 2025. En participant dès maintenant à plusieurs ovales, le Rookie néo-zélandais maximise ses chances de décrocher une victoire, synonyme d’au moins un million de dollars de primes dans le cadre du nouveau plan de performance.

Le cœur du système repose sur la répartition de 36 parts de performance attribuées aux équipes titulaires d’une charte, selon leur classement moyen sur deux ans. La meilleure formation obtient 36 parts, la dernière seulement une.
En cas d’égalité, les points sont partagés à parts égales — par exemple, une égalité pour la 5ème place octroiera 31,5 points à chaque équipe concernée. Le montant final versé à chaque charte est ensuite calculé proportionnellement à ce total de points.

Ce mécanisme de rémunération, à la fois incitatif et compétitif, vise à renforcer la stabilité du plateau tout en récompensant la performance. Chaque fin de saison, la NASCAR communiquera les montants définitifs dus aux équipes dans les 30 jours suivant la dernière course du calendrier.

Au-delà de son contenu technique, cette publication marque un tournant symbolique. Elle témoigne d’un rapport de force inédit entre les équipes et la NASCAR, à un moment où les discussions sur la répartition des revenus et les droits médiatiques prennent une importance stratégique pour l’avenir de la discipline.
Désormais, les cartes sont sur la table. Et cette transparence forcée pourrait bien redéfinir les relations au sein du plus haut niveau du stock-car américain.

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