Denny Hamlin est resté assis, casque retiré, dans sa Toyota n°11 de la Joe Gibbs Racing, le regard perdu vers la ligne d’arrivée du Phoenix Raceway. La course venait de se terminer, mais le pilote le plus dominant de la journée n’avait pas décroché le titre qu’il convoitait depuis deux décennies.
Sixième de la course et deuxième parmi les quatre finalistes, Hamlin a vu Kyle Larson, de la Hendrick Motorsports, s’emparer d’un deuxième championnat de la NASCAR Cup Series au terme d’un final à couper le souffle. Le dernier drapeau jaune a changé le destin des deux hommes. Larson a tenté un pari risqué avec deux pneus seulement. Hamlin, lui, a choisi la sécurité avec quatre pneus neufs. Deux tours plus tard, l’histoire s’était écrite sans lui.
Le natif de Virginie avait pourtant dominé les débats. Parti de la pole position, il a mené à sept reprises pour un total impressionnant de 208 tours sur 319. Il était encore en tête à quelques centaines de mètres du drapeau à damier lorsque l’interruption est survenue. À ce moment-là, le rêve semblait à portée de main.
« Nous étions à quarante secondes du championnat », a soufflé Hamlin, 44 ans, après coup. « Ce sport peut te rendre fou. Parfois, la vitesse et le talent ne suffisent pas. »
Son chef d’équipe Chris Gayle, aussi abattu que son pilote, a résumé le sentiment général : « Il a tout fait comme un champion. Pole, domination, exécution. Il a juste manqué ce petit coup de pouce au dernier redémarrage. »
Après avoir répondu aux médias, Hamlin a retrouvé ses deux filles, Taylor et Molly, près de la pit lane. Un moment d’émotion pure, loin du vacarme des moteurs. « Certaines choses ne dépendent pas de nous », leur a-t-il expliqué, la voix encore serrée.
Pour Hamlin, ce championnat restera celui de l’amertume, mais aussi celui de la dignité. Devant ses fans, ses pairs et sa famille, il a prouvé qu’il reste un modèle de persévérance et de classe. Triple vainqueur du Daytona 500, 60 victoires en carrière, Hamlin court toujours après un titre qui semble lui échapper à chaque génération.
« Kyle Larson a le trophée, mais nous avons dominé », a conclu Hamlin. « Nous avons fait notre travail. Cette équipe est de calibre championnat. On reviendra. »
