Depuis plusieurs mois, le débat sur les coûts réels d’une saison en NASCAR Xfinity Series s’intensifie. La plainte de deux équipes contre la NASCAR, accusée de réduire les revenus distribués, a relancé les discussions autour de la viabilité économique des structures indépendantes. Beaucoup pensent connaître l’ampleur de ces dépenses, mais la réalité diffère souvent de l’image véhiculée sur les réseaux sociaux. Pour comprendre ces enjeux, il faut se pencher sur le fonctionnement concret d’une écurie de milieu de tableau. Celles qui décrochent parfois un Top 10, mais naviguent le plus souvent entre la 15ème et la 25ème place.
Ces équipes ne bénéficient pas du soutien massif des constructeurs. Elles n’ont pas l’arsenal technique de la Joe Gibbs Racing ou de JR Motorsports. Leur défi quotidien consiste surtout à aligner une voiture compétitive chaque semaine. Avant d’aborder l’ampleur du déficit final, il est utile d’observer les mécanismes financiers cachés derrière chaque départ en course. Car engager une voiture en Xfinity Series nécessite un assemblage complexe de ressources, de locations et de compétences hautement spécialisées.
Les coûts fixes constituent la base du budget. Le moteur en est l’exemple parfait. Les équipes Chevrolet passent par Earnhardt-Childress ou Hendrick, les équipes Ford par Roush Yates, et les Toyota par la Joe Gibbs Racing. Les contrats saisonniers atteignent environ 800 000 dollars, incluant support technique, tests et présence des ingénieurs sur chaque circuit. À cela s’ajoutent les transmissions, souvent louées elles aussi, pour un budget d’environ 44 000 dollars par saison. Les pneus représentent un autre poste colossal : 188 trains Goodyear, soit près de 470 000 dollars.
Ce fonctionnement reposerait déjà sur une structure solide, mais les équipes doivent aussi s’appuyer sur un personnel qualifié. Un chef d’équipe, un chef mécanicien, trois mécaniciens, un chauffeur de semi-remorque et un observateur constituent le minimum vital. Les salaires dépassent facilement 650 000 dollars pour une saison complète, même sans personnel marketing ou attaché de presse. Les coûts de restauration, les licences NASCAR ou encore les données SMT complètent cette liste déjà lourde.
Une fois la voiture prête, l’équipe doit voyager. La majorité des déplacements se fait en jet partagé, solution plus économique et plus stable que les vols commerciaux lorsque le calendrier impose des allers-retours rapides. Les frais atteignent environ 165 000 dollars par saison. L’hôtel, les voitures de location et l’acheminement du semi-remorque ajoutent plus de 200 000 dollars au total. À ce stade, sans aucun accident, le budget dépasse déjà 2,8 millions de dollars.
Les coûts variables constituent la partie la plus imprévisible. Le covering, les réparations courantes et les remplacements réguliers créent un gouffre budgétaire permanent. Une carrosserie complète coûte environ 10 600 dollars, mais l’assemblage dépasse souvent les 20 000 dollars. Un choc « avec portes endommagées » atteint fréquemment les 30 000 dollars. Sur une saison normale, une équipe moyenne dépense plus de 460 000 dollars rien que pour les réparations.
Lorsque l’on additionne tous les postes de dépenses, un budget réaliste frôle les 3,35 millions de dollars. Face à cela, les gains distribués par la NASCAR Xfinity Series avoisinent 1,5 million pour une équipe classée régulièrement dans le Top 20. Le déficit dépasse donc 1,8 million. Cette somme doit être comblée par les sponsors… ou parfois par le pilote lui-même. Et ces chiffres ne tiennent pas compte du bâtiment, de l’achat du camion-remorque ou des châssis nécessaires pour démarrer.
Derrière chaque départ en Xfinity Series se cache donc une équation financière extrêmement fragile. Les équipes de milieu de tableau avancent sur un fil, avec l’objectif constant d’amener une voiture compétitive en piste tout en survivant à une économie qui ne cesse de se complexifier. Comprendre cette réalité permet d’apprécier encore davantage la performance de ces structures, souvent invisibles, mais essentielles au championnat.
Les sources :
The Autopian — “An Extraordinarily Detailed Accounting Of How Much It Really Costs To Race In NASCAR”
Très bon article d’analyse budgétaire des coûts fixes, semi-fixes et variables pour une équipe “moyenne” de Xfinity. The Autopian
EssentiallySports — “Inside NASCAR’s Price Tag: What Teams Really Spend to Run a Season”
Déroulé des dépenses “classiques” : moteur, pneus, personnel, transport, etc. EssentiallySports
The Daily Downforce — “Hailie Deegan Gives Details on How Much It Costs for a NASCAR Ride”
Témoignage d’une pilote (Rookie) sur le coût nécessaire pour obtenir un volant en Xfinity : 4–5 millions de dollars selon elle. The Daily Downforce
Media Referee — “How Much Does a NASCAR Charter Actually Cost in 2025?”
Analyse des coûts liés aux charters (licences d’entrée “permanente” dans la Cup), très pertinent pour comprendre les enjeux financiers des équipes. Media Referee
ThePricer.org — “How Much Does A NASCAR Engine Cost?”
Détail des coûts moteurs : leasing, dyno, transport, ce qui aide à comprendre une part majeure du budget. ThePricer
SportsKeeda — “How much money do NASCAR teams spend on tires annually?”
Analyse du poste “pneus”, qui pèse lourd dans le budget : nombres de jeux utilisés, coût par set, etc. Sportskeeda
