Thunder Road, la nouvelle série sur la NASCAR lancée par AMC

Les histoires qui traversent les décennies ont souvent la même puissance : elles reviennent quand personne ne les attend, précisément parce qu’elles n’ont jamais quitté l’imaginaire du sport. Pour les passionnés de la NASCAR, Thunder Road appartient à cette catégorie. Un film devenu mythe, un récit fondateur qui réveille la mémoire d’un stock-car encore sauvage. Aujourd’hui, AMC veut lui offrir une nouvelle vie, mais aussi un nouvel angle : plus vaste, plus ambitieux, et surtout plus intime.

Pour comprendre la portée du projet, il faut revenir au décor initial. Dans le film de 1958, Robert Mitchum incarne une Amérique rurale façonnée par les routes étroites du Sud, les voitures modifiées et les contrebandiers qui ont couru pour survivre. Au volant de Chevrolet et Ford bricolées dans l’ombre des montagnes, ces hommes fuyaient la police avec un instinct de pilotage qui allait bientôt trouver un autre terrain : les premiers circuits. Junior Johnson, qui a conseillé le film, n’avait pas besoin d’imaginer la scène : il l’avait vécue avant de devenir l’un des noms clés de la NASCAR.

La série développée par AMC ne veut pourtant pas rejouer la même partition. Thunder Road, créée par John Fusco — à qui l’on doit Young Guns, The Highwaymen ou encore Marco Polo — s’annonce comme un drame de long format, accéléré en développement et produit en association avec la NASCAR elle-même. C’est l’une des rares fois qu’une production scénarisée de cette ampleur bénéficie d’un partenariat direct avec l’instance dirigeante du sport. Une étape majeure pour un univers longtemps représenté par des films isolés ou des documentaires comme Full Speed sur Netflix.

La série suivra la famille Whitlock, plongée depuis des générations dans l’univers des courses. Selon Deadline, l’héritage du nom est aussi lourd que les rivalités internes. AMC veut explorer cette mythologie : les liens familiaux, les luttes de pouvoir, mais aussi ces fissures invisibles qui se forment derrière un volant. L’ambition est claire : raconter une histoire américaine, enracinée dans la culture du Sud, où le stock-car n’est pas seulement un sport mais un terrain où se jouent les héritages.

Cette approche s’inscrit dans une tendance plus large chez AMC, qui multiplie les projets ancrés dans la culture américaine. Thunder Road s’ajoute à la future franchise Great American Stories, pensée pour mettre en lumière des récits marqués par la famille, la terre et les conflits. La chaîne lancera cette collection avec une adaptation des Raisins de la colère de Steinbeck, un autre monument de l’identité américaine.

Du côté de la production, Fusco sera accompagné de Cliff Roberts ainsi que de Mark L. Smith, connu pour The Revenant, Twisters et American Primeval. Tim Clark et John Dahl porteront le projet pour la NASCAR, avec Gladys Cheng à la production. Une équipe hybride, composée de figures du cinéma, de la télévision et du paddock.

Fusco promet un récit tendu, presque brutal, inspiré par les racines rebelles du stock-car. Il décrit Thunder Road comme une « Succession version stock-car », un monde où le poids du nom influence chaque choix, sur la piste comme en dehors. La comparaison n’est pas anodine : la série veut mêler ambition, héritage et conflits internes, mais dans un décor où le vrombissement d’un V8 sert de bande-son à des disputes familiales vieilles de plusieurs générations.

Pendant que la NASCAR multiplie les documentaires modernes — comme Race, Full Speed, ou la prochaine série Rising centrée sur Jesse Love, Carson Hocevar et Rajah Caruth — Thunder Road évoque un retour aux origines. L’époque où les pilotes arrivaient des collines, parfois avec un casier judiciaire, toujours avec un talent brut. Là où l’histoire du sport n’était pas écrite sur des baies vitrées, mais dans la poussière des routes de contrebande.

Pour un championnat né dans la clandestinité, AMC semble vouloir rappeler que tout a commencé loin des projecteurs. Thunder Road pourrait bien devenir la première série à raconter cette histoire comme elle mérite de l’être : avec de la rivalité, du carburant, du poids sur les épaules et un héritage qui ne cesse jamais vraiment de gronder.