Les crevaisons, à qui la faute ?

Photo : Mark J. Rebilas (@rebilasphoto, X/Twitter)

Si on devait retenir un sujet majeur concernant la finale de Phoenix, celui des nombreuses crevaisons ayant émaillé le week-end figurerait certainement en haut de la liste.

Dès la séance d’essais, le week-end s’annonçait compliqué pour les pneumatiques Goodyear : pas moins de sept crevaisons avaient émaillé la séance, à commencer par celle du pneu arrière gauche de Chase Briscoe. AJ Allmendinger, Christopher Bell, Daniel Suárez, Riley Herbst ou encore Kyle Busch étaient les victimes suivantes.

Lors de la course, le bilan ne fut pas meilleur : à partir du deuxième segment et dans l’ordre, on nota les crevaisons de Chase Briscoe, cette fois-ci à l’arrière droit, puis de Kyle Busch, AJ Allmendinger, les frères Dillon, puis les prétendants au titre Larson, Briscoe avant une neutralisation provoquée par Carson Hocevar. Denny Hamlin a lui aussi crevé, sous drapeau jaune. Enfin, dans les soixante-dix derniers tours, ce fut au tour d’Alex Bowman, Noah Gragson, Austin Cindric, JJ Yeley, et enfin, William Byron.

S’il semble facile de tomber sur Goodyear, le manufacturier pneumatique exclusif de la NASCAR, qui a innové cette en amenant des pneus plus tendres que les saisons précédentes à la demande du corps dirigeant, il y a bien des facteurs extérieurs à cette épidémie de défections pneumatiques. Interrogés, de nombreux pilotes ont défendu le manufacturier, blâmant plutôt les réglages adaptés par les écuries et la pression basse mise dans les pneus.

Denny Hamlin, qui a perdu le titre dans un overtime provoqué par la crevaison de William Byron, en fait partie :

« Je pense que Goodyear a fait un bon travail tout au long de la saison. Le fait que nous roulions avec des pneus à plat n’est pas de leur faute. Je les applaudis pour les pneus qu’ils nous ont apporté et d’avoir continué à repousser la limite pour redonner du contrôle aux pilotes.

Ce sont les équipes. Ce sont elles qui cherchent les limites, pour voir jusqu’à quel point on peut enlever de l’air. Ce serait difficile pour n’importe qui de construire des pneus pouvant endurer ces voitures. Ils sont dans une position très délicate, et ils méritent de la reconnaissance. »

Kyle Busch, malgré deux crevaisons durant le week-end, a réussi à atteindre le top-5 :

« Je ne pense pas que c’était la faute de Goodyear. Je sentais que le pneu était assez bon. Ces gars étaient un peu agressifs. Nous avons aussi été agressifs, et avons perdu. Heureusement, nous avons pu rebondir. »

Une opinion partagée par Ryan Blaney, vainqueur de la course :

« Nous flirtions avec les pressions des pneus. C’est le jeu. Voir jusqu’à quel point vous pouvez les diminuer. Cela améliore la vitesse et l’adhérence sur les longs runs. »

Cela dit, les pressions ne sont pas seules à blâmer selon le pilote de la n°12 :

« Je pense qu’il y a l’inconnue du dogleg, qui met énormément de charge sur le pneu. Il n’y a pas beaucoup de données pour s’y préparer. »

Quant à Rick Hendrick, qui a vu trois de ses quatre voitures subir une crevaison malgré des pressions qu’il qualifie lui-même de « conservatrices », il estime que les conditions de piste ont elles aussi joué un rôle important :

« Il faisait très chaud aujourd’hui. C’étaient les conditions parfaites pour punir les pneus, surtout ceux ramenés ce week-end. »

Si ces pneus n’avaient jusqu’alors jamais été utilisés à Phoenix, ils n’étaient pas pour autant inconnus des équipes puisqu’ils ont été utilisés à plusieurs reprises sur des short tracks cette année (à Bowman Gray, Martinsville, North Wilkesboro, Richmond, le New Hampshire, et enfin une nouvelle fois à Martinsville — mais seulement sur le côté droit), des courses qui n’ont pas été marquées par de telles épidémies.

Ainsi, les pilotes et équipes s’accordent à dire que les conditions, liées à l’agressivité des équipes sur les réglages, ont poussé à ces nombreuses crevaisons ayant marqué et renversé le cours de la finale de la saison 2025.