
La NASCAR a beau afficher un engagement fort en faveur de la neutralité carbone d’ici 2035, son prototype électrique, dévoilé à l’occasion de la Chicago Street Race, peine à convaincre son public le plus fidèle. La discipline, en partenariat avec ABB, mise sur ce véhicule comme pierre angulaire d’une future série électrique. Mais entre scepticisme technique et rejet culturel, le message ne passe pas.
Un projet ambitieux, mais clivant
Depuis plus de dix ans, la NASCAR multiplie les initiatives en faveur de l’environnement : biocarburants, infrastructures de recharge, réduction de l’empreinte carbone… En 2013 déjà, elle installait des bornes de recharge sur ses sites de Daytona, Charlotte et Concord en partenariat avec Eaton Corporation, avec des Chevrolet Volt en vitrine.
Mais avec ce prototype 100% électrique, développé avec Chevrolet, Ford et Toyota, la NASCAR passe à la vitesse supérieure. Une démonstration grandeur nature a été organisée ce week-end dans les rues de Chicago, en marge de la course de Cup Series. David Ragan, Rajah Caruth et Brent Crews se sont relayés au volant de ce véhicule au look de crossover, bien loin des coupés racés de la Next Gen.
Bob Pockrass a relayé la démonstration sur X (ex-Twitter), mais les réactions ne se sont pas fait attendre : « Un tour, trois couleurs, beaucoup de critiques. »
Le public reste froid face au virage électrique
L’accueil des fans est pour le moins tiède. Dès l’apparition du prototype dans l’atelier Penske plus tôt cette année, un post Reddit avait enflammé la communauté. Voir un véhicule électrique garé entre les Ford Mustang de Joey Logano et Austin Cindric ? Pour beaucoup, une hérésie.
La scène de Chicago n’a fait qu’accentuer ce rejet. Les forums et réseaux sociaux débordent de commentaires dénonçant la perte de l’ADN NASCAR : « Et voilà la course à l’autonomie ! », s’insurge un fan. Difficile d’adhérer à une discipline sans rugissement de V8, sans arrêts ravitaillement au gallon, ni gestion de carburant digne d’un jeu d’échecs. Les critiques se multiplient : « Appelez-moi quand ils tiendront 300 miles ! »
La batterie actuelle, limitée à 30 à 45 minutes d’autonomie à pleine charge, ne répond clairement pas aux standards des épreuves traditionnelles, où les courses vont de 300 à 500 miles avec plusieurs phases de stratégie, de consommation et d’usure des pneumatiques.
Une série secondaire en vue ?
Le look du prototype interpelle également : un crossover au châssis en composite de lin, aux antipodes de la silhouette musclée des voitures actuelles. Certains y voient une tentative déguisée de tester le terrain pour une série électrique parallèle, plutôt qu’une intégration dans la Cup Series.
Plus tôt dans la saison, des rumeurs évoquaient des discussions entre la NASCAR et Dana White, le président de l’UFC, autour d’un projet de série électrique alternative. Le partenariat avec ABB, très visible lors des événements, alimente aussi le soupçon d’un coup marketing plus qu’une véritable avancée technique.
Le V8 encore roi
En coulisses, la NASCAR travaille à redorer le blason de ses motorisations actuelles. Une augmentation de la puissance des moteurs Next Gen, de 670 à 750 chevaux, est sur la table. L’objectif ? Redonner du contrôle aux pilotes et réintroduire une plus grande variabilité dans la performance — un point très attendu par les puristes.
Mais la question reste entière : le public NASCAR est-il prêt à accepter un avenir électrique ? Les premières démonstrations montrent que non. L’amour des fans pour les gros blocs atmosphériques ne faiblit pas, et l’électrique, pour le moment, semble bien seul sur la grille.