Pour ma première à Daytona, la plus grande course de la saison s’est étalée sur deux jours, à cause de la pluie. Avant que la course ne reprenne ses droits le lundi, j’ai pu rencontrer de nombreux fans. Petit tour d’horizon de mon expérience dans The Great American Race.
La foule se presse sur le circuit du Daytona 500, l’un des plus célèbres du monde, à l’occasion de sa 61e édition. Si la course se courra finalement le lundi 17 février et non le dimanche comme il est de mise, des pluies torrentielles ayant repoussé les festivités d’un jour pour la première fois en huit ans, seul ou en famille, avec des amis, voire avec son chien, personne ne veut rater la reprise du championnat.
Tous sont là pour voir leur pilote favori, leur équipe favorite, leur président favori – même Donald Trump est présent, démarrant les réjouissances par un tour de circuit dans « the Beast », la limousine présidentielle de près de dix tonnes. Le public est ravi, acclamant son discours – et tant pis si pénétrer sur le site a pris un temps fou, sécurité oblige.
Parmi les fans, on trouve toute sorte de T-shirts, chacun affichant ses couleurs. On prend des photos des pilotes rejoignant leurs voitures, on leur demande des autographes, on les congratule – n’ayons pas peur des mots : c’est une fête de chaque instant et tous se réjouissent.
Les fans ne sont pas forcément fidèles, leurs goûts peuvent évoluer au fil du temps. Joan, par exemple, du Michigan, a commencé par avoir un faible pour Jeff Gordon (« parce qu’il était mignon ! ») ; celui-ci ayant pris sa retraite, il a fallu le remplacer, par Chase Elliott en l’occurrence.
D’autres campent sur leurs positions. Un jeune homme de l’Idaho déclare avoir toujours soutenu Kyle Busch, « un bad boy doublé d’un pilote exceptionnel. Il se montre toujours le meilleur, dans les circonstances les plus périlleuses. Seul un grand champion peut décrocher deux titres en ayant eu les deux jambes brisées en début de saison.
Quant à Tony, de Floride, il sort du commun : il n’a pas de favori. Il aime les belles voitures, le sport, l’ambiance. Il préfère voir une course pleine de rebondissements et de suspens plutôt que la victoire de tel ou tel pilote. « Et si votre champion se retrouve hors course, vous faites quoi ? Vous quittez le circuit… ? Je préfère voir du beau jeu, du nerf, de l’audace, et rester jusqu’au bout. J’aime voir un vainqueur content, tous les spectateurs qui se réjouissent. La course en elle-même est ce qui m’intéresse le plus. »
Lucy est bien embêtée. Elle avait trois favoris, « pour être sûre que l’un finisse toujours la course ». Mais voilà, le premier a abandonné la Sprint Cup, le deuxième prendra sa retraite cette année… elle espère bien qu’un « nouveau » pilote sortira du lot cette année et la fascinera suffisamment pour qu’elle en fasse désormais son champion.
Paul, de Pennsylvanie, est un homme de soixante-dix-huit ans qui vient chaque février depuis vingt ans pour assister à la reprise des hostilités. Le pilote qu’il soutenait autrefois était Dale Earnhardt, « un coureur capable de voir les flux d’air que déplaçaient les voitures. » Quand ce coureur nous a quittés, Paul s’est tourné vers Dale Earnhardt Jr. Depuis, il reste fidèle à la Hendrick Motorsports. Cependant, dans ses propos, il semble rejoindre la position de Tony : c’est la course qui compte – « mieux vaut voir une belle course remportée par un pilote qui m’indiffère plutôt qu’une course ennuyeuse gagnée par Johnson ou Elliott ».
Pour tout dire, on retrouve deux éléments parmi le public de notre sport préféré. Tandis que le jeune homme de l’Idaho fait la liste des qualités de son champion, son ami se joint à la conversation ; lui n’en a que pour Logano. On le sait, Logano et Kyle Busch sont à couteaux tirés, et nos deux jeunes spectateurs plaisantent un moment sur les erreurs commises un jour ou l’autre par les deux pilotes. Pourtant, il règne une franche camaraderie, et voilà ce qui saute aux yeux dans ce public aussi disparate : l’envie de passer un bon moment, quelle que soit l’issue de la course.
Paul soulignait d’ailleurs le bon esprit qui règne lors de ces événements. Quel que soit votre pilote ou votre équipe, on est là pour en prendre plein les yeux et plein les oreilles, et le nom de celui qui franchit en premier la ligne d’arrivée est presque indifférent. Jamais ce spectateur, qui suit les courses depuis plusieurs décennies et se rend au fil de la saison sur divers sites, n’a vu le moindre geste d’agressivité ou d’hostilité. On est là pour passer un bon moment.
Le deuxième élément, c’est un vote unanime : 100% des personnes interrogées déclarent que le circuit sur lequel il faut absolument assister à une course est Talladega ! Si vous vous demandiez où aller passer vos prochaines vacances, vous avez maintenant la réponse. Mais Daytona, sa plage, son ambiance, reste un incontournable et nous y trouverons sûrement Paul pendant longtemps encore.
Soyez le premier à commenter