L’annonce de la retraite de John Force planait depuis plusieurs mois, mais son officialisation a tout de même secoué l’univers du drag racing. Les fans de la NHRA savaient que le compteur tournait, mais imaginer les prochains SpringNationals, Gatornationals ou U.S. Nationals sans le Funny Car portant le 1 : cette idée reste difficile à accepter. Avant d’en arriver à ce moment charnière, il faut revenir sur un parcours façonné par l’obstination, les revers et une capacité presque surnaturelle à renaître saison après saison.
Force n’a pas débuté dans la gloire. Au début des années 1970, il roulait avec des Funny Cars de seconde main, plus promptes à joncher le dragstrip de pièces qu’à signer des 4.0xxx. Il a ensuite investi chaque dollar gagné dans du meilleur matériel et dans des mécanos plus expérimentés. Pourtant, la chance lui échappait encore. Entre 1979 et l’été 1987, il a accumulé neuf finales perdues, une série qui aurait brisé plus d’un pilote. Sa première victoire lors des Grandnational de Québec a mis fin à cette malédiction, lançant la trajectoire que l’on connaît aujourd’hui.
Sa résilience ne date pas de ses débuts en Funny Car. Touché par la poliomyélite durant l’enfance, Force a pourtant joué quarterback au lycée au sein d’une équipe qui a enchaîné 27 défaites consécutives. Cette période lui a appris qu’une structure gagne grâce à son collectif. Une leçon qu’il a appliquée en 1985 lorsqu’il a emprunté suffisamment d’argent pour recruter Austin Coil comme crew chief. L’arrivée de Coil, puis de figures comme Bernie Fedderly et John Medlen, a transformé la John Force Racing en une machine à dominer.
La suite appartient à l’histoire : neuf titres sur dix dans les années 1990, un record de 13 victoires en 1996, 167 poles, 157 victoires et 16 championnats. Aucun pilote de la NHRA n’a affiché un tel palmarès, et personne ne semble en mesure de menacer ces chiffres. Force a également bâti un véritable empire familial : Ashley, Brittany et Courtney ont toutes brillé, que ce soit en Funny Car ou en Top Fuel, multipliant les victoires et les performances historiques.
L’accident survenu à Richmond en 2024 a finalement ralenti un pilote qui semblait inarrêtable. Et si la retraite annoncée en novembre 2025 marque la fin d’une ère, elle confirme surtout ce que le drag racing sait depuis longtemps : John Force restera, pour toujours, le GOAT de la NHRA.
