Montagny : 'L'IndyCar plus difficile que la F1'

Franck Montagny et l’IndyCar c’est un peu le jeu du je t’aime moi non plus. Prétendant à un baquet en ChampCar en 2008, le Français n’aura pu prendre qu’un départ, pour l’ultime manche de l’histoire de la série en Avril 2008 à Long Beach. Le résultat pour sa première course : une deuxième place derrière Will Power.

Ensuite d’avril à octobre, plus rien, hormis une séance d’essai sur l’ovale de 1,5 mile du Kentucky avec l’écurie Andretti-Green Racing. Le pilote a pu se familiariser avec la Dallara-Honda pour sa première expérience sur un ovale. Et là aussi, Montagny a impressionné par sa remarquable faculté d’adaptation. Dès lors, des rumeurs le voyaient comme possible coéquipier des Kanaan, Andretti et compagnie… Mais une fois de plus, ses bonnes prestations ne l’ont pas conduit à un poste de titulaire (il avait vécu la même expérience avec Super Aguri en Formule Un en 2006).

C’est donc ce week-end que le Français a fait ses premiers tours de roues en IndyCar sur l’Infineon Raceway. En difficulté lors des essais où il avait à peaufiner son adaptation à la voiture, Montagny était à 1,4 seconde des meilleurs. Mais dès les qualifications, « Franck the tank » comme le surnomme les Américains a brillé pour se placer en huitième position. Malheureusement pour lui, la course fut moins agréable. Pris dans un accrochage au premier virage, Montagny a poursuivi jusqu’au 57ème tour avant de renoncer suite à un comportement dangereux de sa monoplace.

Néanmoins il repart de Sonoma satisfait de sa prestation et de ce qu’il a trouvé en IndyCar. Evidemment, il a dû faire la comparaison avec la Formule Un, et sa réponse est intéressante à bien des niveaux :
« Pour être honnête, il n’y a pas de réelles comparaisons possibles. C’est très difficile de comparer la Formule Un avec quoique ce soit parce qu’en F1 vous avez toujours une nouvelle voiture. Chaque jour, un composant change et doit être évalué. En IndyCar, la monoplace a sept ans, et tout a été vu et revu. Il n’y a pas grand chose à changer. Vous devez adapter votre façon de piloter à la voiture et non pas modifier la voiture pour vous rendre plus heureux.« 

Cette analyse est riche en enseignements et montre qu’il n’est pas nécessaire de modifier entièrement une monoplace pour gagner deux ou trois dixièmes. En IndyCar clairement, le facteur humain via le pilote et les ingénieurs est primordial et peut à lui seul faire la différence, comme l’a démontré la victoire de Justin Wilson à Watkins Glen.

A propos de la difficulté de la F1 par rapport à l’IndyCar : « Non c’est plutôt l’inverse. Une IndyCar a du roulis, énormément… La voiture a tellement de roulis qu’on dirait qu’elle n’a pas de barre anti-roulis à l’avant ni à l’arrière. C’est très souple. Donc ça absorbe le ressenti, le retour d’information que vous transmet la voiture. Ca ne vous secoue pas immédiatement. Donc c’est un peu difficile au début parce que vous ressentez tellement de mouvement dans la voiture et vous ne vous attendez pas à ce qu’elle soit rapide. C’est l’inverse de ce à quoi je m’attendais. Donc je m’adapte.« 

« Vous savez quoi, la voiture est très agréable à piloter, parce qu’il semble que c’est le pilote qui fasse la différence, pas la voiture.« . Ces propos rappelle ceux que tenait Emerson Fittipaldi lors d’une interview en 1993. « Vous travaillez beaucoup à l’intérieur de la voiture, vous vous battez avec elle. C’est plus facile de faire des tours rapides en F1 et d’être à un bon niveau. Physiquement vous devez être mieux préparé pour la F1. Mais avec cette voiture c’est comme si vous deviez prouver votre abilité tout le temps. Une bonne F1 rend votre travail plus facile que la Dallara. C’est très dur.« 

Ensuite qui dit IndyCar, dit bien sûr ovales. Et là aussi, Franck ne cache pas son enthousiasme. « Oh bien sûr j’adore les ovales. C’est aussi la raison pour laquelle je veux être ici. Ils sont fascinants. Vous ressentez tellement de choses dans la voiture. La vitesse atteinte est très cool en plus. Le moindre petit ajustement peut faire la différence. L’équipe est très bonne sur ces pistes. C’est important pour moi, parce que je ne veux pas que les gens croient que je viens seulement expérimenter ce qu’est l’IndyCar. Jeu veux courir et c’est le bonne endroit qui vous offre les opportunités pour la bonne combinaison pilote/équipe.« 

Enfin Montagny a tenu à préciser que son apport technique en terme de développement serait très limité étant donné que l’équipe connaît la voiture par coeur et que tout a déjà été essayé. Il a insisté sur le fait que la différence se fait sur des moindres détails, ce qui rend les choses très difficiles.

Voilà de plus une preuve que l’IndyCar a conservé ses valeurs depuis sa naissance en dépit d’une compétition plus terne que par le passé. Mais gageons que les fans seront écoutés dans le futur. N’oublions pas que les grands constructeurs s’intéressent à ce championnat…