Personne ne contestera que la grande figure de la Nascar des années 80 et 90 fut limmense Dale Earnhardt. Mais il y en a quelques-uns pour penser que le palmarès de lhomme à la Chevy noire naurait pas été le même si la carrière de Tim Richmond navait pas connu une fin précoce et tragique.
Pilote talentueux et polyvalent, aussi à laise en monoplace quen stock-car, Tim Richmond sétait également imposé auprès du public par son sens de la communication et son charisme. A une époque où le pilote Nascar type était un fermier du Sud-Est, Tim Richmond tranchait résolument avec le look chapeau de cowboy/santiags. Tout, de sa tenue vestimentaire à ses cheveux longs en passant par son mode de vie très festif, faisait plus penser à une star hollywoodienne quà un pilote Nascar. Playboy dans lâme, Tim Richmond vivait sa vie à cent à lheure.
LES DEBUTS
Né le 7 juin 1955 à Ashland (Ohio), Tim Richmond est issu dun milieu aisé. Son père avait revendu la ferme familiale pour créer une société de construction de machines de forage, laquelle allait devenir plus que florissante. Pour son seizième anniversaire, Tim reçoit une Pontiac Trans-Am. Pour autant, une carrière en sport automobile est encore loin de ses pensées.
A 21 ans, Tim essaie la Sprint Car dun ami. Il est si vite à laise que demblée il signe des temps plus rapides que le pilote habituel de la voiture. Tout senchaîne alors très vite. Après quelques années en Sprint Cars et Mini Indy Cars, Tim Richmond fait ses débuts en Formule Indy en 1979 lors des 500 Miles de Michigan. Aux 500 Miles dIndianapolis 1980, il décroche le titre de meilleur débutant de lannée. Les courses suivantes confirment deux choses : Tim Richmond est très rapide, mais il est également très agressif
Après plusieurs accidents, dont un terrible à Michigan, la mère de Tim manifeste son opposition. Tim tourne alors le dos aux dangereuses monoplaces et sessaie aux plus sûres Stock-Cars (tout est relatif en sport automobile !). Il débute en Nascar dès 1980 (5 courses), avant de sy engager à plein temps en 1981 avec léquipe de D.-K. Ulrich. Il pilotera pour plusieurs équipes cette année-là et achèvera la saison à la seizième place du championnat avec six top 10.
VICTOIRES
1982 est une année importante puisquil remporte ses deux premières victoires en Nascar, toutes deux sur le circuit routier de Riverside. Jusquen 1985, il remporte deux autres victoires (Pocono 83 et North Wilkesboro 84) avant de passer à la vitesse supérieure en 1986.
Tim signe cette année-là avec Rick Hendrick. 1986 sera sa meilleure saison en Nascar, avec sept victoires et treize top 5. Candidat sérieux au titre de champion, plusieurs soucis mécaniques en fin de saison le relèguent finalement à la troisième place du championnat, à seulement 6 points de la seconde place de Darrell Waltrip.
Pourtant, lannée avait mal commencé. Les premiers mois de collaboration avec son nouveau crew chief, lexpérimenté et lunatique Harry Hyde, furent plutôt houleux. Tim était toujours aussi agressif au volant et la communication passait mal, jusquà ce que Hyde réussisse à convaincre Tim lors dune séance dessais de faire deux séries de 50 tours, la première façon Richmond (à fond) et la seconde façon Hyde (à léconomie). La seconde façon sétant avérée largement plus efficace, les choses sarrangèrent très vite et Tim devint dès lors lhomme à battre. Durant lété 1986, Richmond et Hyde enchaînèrent ainsi victoires et secondes places.
Comme les cinéphiles lauront sans doute remarqué, ce sont les relations Hyde/Richmond qui inspirèrent Robert Towne, scénariste du film sur la Nascar « Days Of Thunder ». Cole Trickle, le personnage joué par Tom Cruise, est en effet fortement inspiré par Tim Richmond.
CARRIERE BRISEE
1987 sannonce donc sous les meilleurs auspices et Tim Richmond fait figure de favori. Malheureusement, une semaine après avoir participé au banquet de fin de saison 1986, Tim rentre à lhôpital (sous le pseudonyme de Lee Warner). Depuis lété, Tim souffre dun rhume persistant. Après de nombreux tests, le diagnostic finit par tomber, cruel et implacable : Tim Richmond est atteint du SIDA.
Pour remettre les choses dans leur contexte, le SIDA était encore à lépoque très mal connu et très mal perçu. Pour beaucoup, le SIDA était alors la maladie des homosexuels et des drogués, et en être atteint était souvent synonyme de rejet par lentourage. De plus, il sagissait dune maladie encore presquexclusivement localisée dans les grandes métropoles, dans un monde totalement différent de celui, très rural, de la Nascar. Tim fera donc tout pour que la réelle nature de sa maladie ne soit jamais révélée.
Officiellement, Tim Richmond est donc atteint dune double pneumonie et est trop faible pour courir. Il est en fait tellement malade quil manque le début de la saison et reste éloigné des circuits pendant plusieurs semaines, avant de faire des réapparitions épisodiques.
En juin 1987, il participe à lépreuve de Pocono sur son circuit fétiche. Cest sa première course depuis 1986 et le résultat est inespéré. Richmond simpose dun rien devant Bill Elliott et, très ému, retrouve le chemin de la Victory Lane. La magie se poursuit quand, à peine une semaine plus tard, il lemporte à nouveau à Riverside. On ne le sait pas encore, mais ce seront les deux dernières victoires de la carrière de Tim Richmond.
UNE TENTATIVE DE COME-BACK DOULOUREUSE
Tim disparaît à nouveau de la circulation pendant plusieurs mois. Quand il réapparaît pour disputer lépreuve du Busch Clash à Daytona en 1988, les rumeurs vont bon train. Il se murmure dans les paddocks que Tim se drogue. Certains pilotes menacent de boycotter les courses si on admet Richmond au départ. La Nascar décide de lui faire passer un test pour dépister lusage de stupéfiants, lequel test savère positif (par erreur, on ne le saura que plus tard).
La Nascar refuse donc linscription de Richmond au Busch Clash. Malgré un second test (négatif), la Nascar continue à barrer la route à Richmond et exige quil fournisse un certificat médical faisant état de son bilan de santé. Sachant quun tel test fera le jour sur sa séropositivité, Tim refuse et entame un procès à lencontre de la Nascar.
Mis au ban de son sport, Tim loue un petit avion pour les 500 Miles de Daytona et survole le circuit en traînant le message suivant : « Fans, I miss you Tim Richmond ». Puis il disparaît à nouveau du paysage et ne fera plus jamais son retour à la compétition.
Pendant les mois qui suivirent, le milieu de la Nascar naura plus aucune nouvelle de Tim Richmond. Jusquà lété suivant, quand un (petit) hommage lui est rendu brièvement à lantenne. Les fans apprennent alors que Tim Richmond a de nouveau été hospitalisé dans un état très grave.
Tim Richmond séteint le 13 août 1989 à lhôpital de West Palm Beach (Floride).
VINGT ANS APRES
Aujourdhui, près de vingt ans après sa mort, Tim Richmond est certes considéré comme un grand pilote avec treize victoires en 185 départs, mais a-t-il la place quil mérite dans lhistoire de la Nascar ? Tim aurait pu sans le moindre doute possible remporter une, voire plusieurs Winston Cups. Sans sa disparition prématurée, mais aussi sans la mise à lécart quil a dû subir de la part de la Nascar, la place de Tim Richmond dans lhistoire de son sport serait peut-être encore plus importante. Mais cela nous ne le saurons jamais
Tim, the fans miss you too.