Power évite les embuches et s’impose à Toronto

Malgré des orages annoncés pour la course, c’est sous un temps clément que les 26 V8 Honda ont démarré pour l’épreuve des Honda Indy Toronto.

A l’agitation du drapeau vert le Poleman Justin Wilson négocie le premier virage en tête tandis que Will Power, parti en première ligne perd immédiatement quatre positions. Le reste des 24 voitures franchit le premier virage sans encombre.

Dès les premiers tours, un groupe de trois monoplaces s’échappe en tête de course. Wilson, Helio Castroneves et Dario Franchitti roulent dans un mouchoir de poche. Le pilote Penske se fait d’ailleurs très pressant et montre le bout de son capot à chaque freinage. Si le Brésilien est si pressant, c’est en partie dû au fait que Wilson a chaussé des pneus durs pour son premier relai, alors que ses deux poursuivants ont choisi des gommes tendres.

Plus loin dans le peloton, la star locale se donne en spectacle. Parti depuis la 24ème position, Paul Tracy a déjà gagné six places au 5ème passage. Un autre pilote a parfaitement négocié ces premiers tours en la personne de Bertrand Baguette qui s’élançait 16ème et qui occupe au 5ème tour la 12ème position.

Au 11ème tour, premier abandon. Il s’agit de Milka Duno qui a été ordonnée par les officiels de rentrer aux stands, faute de vitesse suffisante sur la piste. A ce moment le top-10 s’établit ainsi : Wilson en tête devant Castroneves, Franchitti, Ryan Hunter-Reay, Power, Scott Dixon, Tony Kanaan, Alex Tagliani, Ryan Briscoe, et Danica Patrick.

Jusque là, la course est très fluide et sur la piste, seul Tracy fait le spectacle. En délicatesse avec un train-avant manquant d’adhérence, le vétéran Canadien se bat corps et âme avec sa monoplace pour l’inscrire dans les courses du tracé de Toronto, nous valant quelques beaux travers.

Au 16ème tour, la monoplace numéro #5 de Takuma Sato a tiré tout droit au virage 3 après un contact rugueux avec son coéquipier Mario Moares. Suspension avant gauche pliée, s’en est fini pour le Japonais. Cet accident représente le 19ème de l’écurie KV Racing Technology cette année qui bat des records de tôle froissée. Ne pouvant repartir et ayant laissé des débris, le PaceCar prend la piste. Tous les pilotes à l’exception de Tracy et Vitor Meira rentrent aux stands pour procéder à leur premier arrêt. A la sortie de la pitlane, le classement s’établit comme suit : Tracy en tête devant Meira, Castroneves, Franchitti, Wilson.

Le restart intervient au 22ème tour. Castroneves se porte immédiatement à l’attaque de Meira dans la ligne droite et, sous l’effet du push to pass, se laisse surprendre par un freinage légèrement anticipée de Meira qui envoie Castroneves dans le mur extérieur. Pour le Brésilien du Team Penske, c’est le deuxième abandon consécutif à Toronto.

La course est donc neutralisée pour la deuxième fois de la journée et Tracy décide de rester en piste. Au 26ème tour, le drapeau vert relance la course. Au même endroit que Castroneves, Franchitti déborde Meira pour la deuxième position et réussit sa manœuvre. Derrière en revanche, on craint le pire pour Power qui a retardé au maximum son freinage et a manqué d’emboutir l’arrière de la monoplace numéro #14. Il aura finalement raison de Maire au virage 5 et à ce moment, il apparaît évident que Meira souffre de problèmes de freins.

Mais tandis que les leaders se battent entre eux, un nouvel accrochage vient émailler la course. Alex Lloyd et Mario Romancini sont entrés en contact au virage 1, provoquant la troisième neutralisation.

Tracy qui est encore resté en piste relance le peloton au 31ème passage devant Franchitti. Mais beaucoup plus rapide que son ex-coéquipier du Team Green, Franchitti se porte aux côtés de Tracy au virage 3 et lui ravit le commandement de la course. Derrière Wilson prend la troisième position à Meira. Mais une nouvelle fois, la relance n’aura même pas durée un tour. Mario Moraes encore lui, s’est montré bien trop optimiste au freinage du virage 3. Arrivant toutes roues bloquées, le Brésilien est venu percuter Romancini. Le quatrième drapeau jaune est sorti. Le sort de Moraes a quant à lui été scellé par les officiels qui lui ont infligé un « Drive Through » pour « accident évitable ». Durant le régime du PaceCar, Paul Tracy en profite pour effectuer son premier arrêt.

Au 35ème passage, Dario Franchitti relance le peloton devant Power, Wilson, Hunter-Reay et Tony Kanaan. Cette fois-ci la relance se passe sans encombre. A noter que parmi les voitures du top-5, seul Justin Wilson roule en pneus tendres.

Au 45ème tour, peu après la mi-course, les trois hommes de tête ont creusé un écart de 2,5 secondes avec leurs poursuivants.

Six boucles plus tard, Raphael Matos est le premier à ouvrir la deuxième salve d’arrêts aux stands. Il sera imité un tour plus tard par Briscoe puis au 53ème passage par Danica Patrick dont l’équipe a réalisé une performance de premier ordre avec un arrêt en 6,8 secondes !

Au 54ème tour, le leader s’arrête lui aussi à son stand. Bloqué par des retardataires, Chip Ganassi a préféré rappelé son pilote pour lui éviter de perdre du temps. Wilson et Power sont eux restés un tour supplémentaire en piste. Et lorsque vient leur tour de s’arrêter au 55ème passage, les deux hommes ressortent au nez et à la barbe de Franchitti avec Wilson qui s’est jeté à l’attaque de Power à la sortie de la pitlane.

Après la deuxième salve d’arrêts, Wilson a donc repris le commandement devant Power et Franchitti.

Au 57ème tour, Kanaan et Andretti rentrent ensemble aux stands, accompagnés par Graham Rahal. A la sortie des stands, Rahal, blotti dans l’aspiration d’Andretti déboîte dans la ligne droite menant au virage 3. Les deux jeunes espoirs américains sont côté-à-côté et finalement Andretti doit abdiquer face au pilote Newman/Haas Racing qui effectue son retour « à la maison ».

A 25 tours du but, le classement se compose ainsi : Wilson mène avec trois secondes d’avance sur Power. Franchitti les suit en troisième position. Il précède, Dixon, Hunter-Reay, Kanaan, Briscoe, Rahal, Andretti et Patrick.

Au 61ème tour, grosse surprise ! Graham Rahal manque son freinage à l’amorce du fameux virage 3, et vient harponner Briscoe. Tandis que Rahal s’en sort sans dommage, Briscoe lui en est quitte pour un changement d’aileron avant. 5 tours plus tard, Matos et E.J. Viso rentrent en collision après que Tagliani ait heurté Matos. Pour la cinquième fois de la journée, le drapeau jaune est sorti.

A 13 tours de la fin, la course est relancée avec Wilson en tête devant Power. Mais ce dernier ne se fait pas prier pour attaquer le Britannique à l’extérieur du virage 1. Sa manœuvre est tout aussi surprenante que magnifiquement réussi et Power prend la tête de la course. Ce dépassement illustre une nouvelle fois si besoin est, la capacité exceptionnelle de Power à attaquer en pneus froids. Il est sans doute le meilleur dans cet exercice.

Au virage 3, Hunter-Reay arrive toutes roues bloquées pour attaquer Dixon. Le Néo-Zélandais a laissé suffisamment de place, mais le pilote Andretti Autosport élargit un peu trop sa trajectoire et envoi Dixon dans le mur. La sanction est immédiate pour Dixon : suspension cassée et journée terminée. Mais la stupéfaction est de mise quelques secondes plus tard. Wilson alors vexé d’avoir perdu la tête face à Power s’est manqué au freinage du virage 8. Le Britannique a perdu l’arrière sur la partie bétonnée de la piste et s’est retrouvé en tête-à-queue.

A 11 tours du but, Tagliani et Scheckter s’accrochent et déclenchent la sixième et dernière neutralisation. Avec neuf tours à parcourir à l’agitation du drapeau vert, Power mène toujours devant Franchitti, Hunter-Reay, Kanaan et Rahal.

Aux alentours de la 10ème place, la lutte fait rage avec 5 voitures regroupées roues dans roues incluant Patrick, Andretti, Wilson, Simona de Silvestro et Meira. Les deux féminines du plateau sont à la fête, toutes deux dans le top-10 !

Mais alors que ces pilotes se battent comme des chiffonniers, Power s’envole vers sa quatrième victoire de la saison et coupe la ligne devant Dario Franchitti et Ryan Hunter-Reay. Le top-5 est complété par Tony Kanaan et un superbe Graham Rahal qui renoue avec le top-5 pour son retour dans son écurie de cœur. Le jeune Américain devance Patrick, Wilson, Andretti, de SIlvestro qui obtient son premier top-10 et Dan Wheldon.

Avec cette superbe victoire, Power fait un pas de plus vers le titre. Mais au-delà d’un point de vue comptable, c’est davantage l’impact sur le moral de ses adversaires qui donne une touche d’invulnérabilité supplémentaire au pilote Penske. Jamais paniqué même lorsqu’il a perdu de nombreuses places au départ, Power a construit sa course tel un champion et a su porter le coup d’estocade au moment opportun pour aller décrocher une magnifique victoire. Sans aucun doute, Roger Penske a dû apprécié cette parfaite maîtrise alors que ces deux pilotes les plus expérimentés ont sombré.

Au championnat Power possède désormais 42 points d’avance sur le champion en titre Dario Franchitti.