Indianapolis et la NASCAR une histoire contrariée

Indianapolis et la NASCAR une histoire contrariée

Indianapolis et la NASCAR cela n’a pas toujours coulé de source, retour sur une histoire qui dure depuis sept décennies.

Bill France persona non grata

Quarante ans avant la première course NASCAR sur l’Indianapolis Motor Speedway, le fondateur « Big Bill » France a été ignominieusement sorti des garages des 500 Miles d’Indianapolis. Nous sommes alors en 1954 et Bill France, accompagné de Junior Johnson rendent visite à la plus grande course de monoplace au monde.

La visite n’a pas duré longtemps. Selon un article de l’écrivain spécialiste du sport automobile Bob Zeller, pour le compte du Norfolk Virginian-Pilot en 1994, le steward en chef Harry McQuinn a reçu un message urgent indiquant la présence de Bill France dans les garages durant les essais des 500 Miles. La réponse est lapidaire. « Expulsez-le » répond simplement Harry McQuinn. Toujours selon Bob Zeller, le livre de l’année 1954 note que Bill France a reçu « le vieux coup de fouet ».

Cette expulsion de Bill France n’est pas liée à une animosité personnelle avec le propriétaire des lieux, Tony Hulman. Le problème vient du fait que Bill France est considéré comme un concurrent par les pouvoirs en place au sein de l’American Automobile Association, puis à partir du 1956 du United States Auto Club.

La concurrence avec la discipline née le 14 décembre 1947 en Floride est telle, que le 3 juillet 1951, sur le Darlington Raceway, à la demande des officiels de l’AAA, la course de NASCAR Grand National de 200 miles prévue est annulée, les officiels de l’AAA ne voulant pas qu’une course de type Indy se produise en même temps que la NASCAR. Depuis, la situation a quelque peu évolué.

Durant la décennie 1950, Bill France rêve d’un ovale capable de concurrencer l’Indianapolis Motor Speedway. Cet ovale sera construit en Floride, à quelques pas du Streamline Hotel à Daytona Beach, lieu de la création de la NASCAR, le Daytona International Speedway. 2,5 miles, comme à Indianapolis, mais une configuration bien différente. La première édition des DAYTONA 500 en 1959 avec un vainqueur décidé quelques jours plus tard à la photo-finish, permettra d’écrire la première page de la légende du Daytona International Speedway.

1989, la détente

La réconciliation entre la NASCAR et l’Indianapolis Motor Speedway mettra du temps. Il faudra attendre 1989 et l’arrivée de Tony George au pouvoir à Indianapolis, pour que les discussions entre la NASCAR et l’Indianapolis Motor Speedway débutent.

Décédé le 7 juin 1992, Bill France ne vivra pas assez longtemps pour voir des voitures NASCAR rouler sur le Brickyard. Il s’en est fallu de 15 jours. En effet, le 22 juin 1992 une poignée de pilotes effectue des essais dans ce qui est à date le 22 juin le plus froid de l’histoire de la ville. Kyle Petty, présent ce jour-là en a plaisanté. « Tout le monde a toujours dit que ce serait une journée froide en enfer quand nous courrions à Indianapolis. » Pourtant, malgré des températures froides pour un mois de juin, la concurrente sudiste attire entre 25 et 30 000 curieux en tribune, alors 35 000 autres fans ont été refoulés.

En août 1993 la NASCAR organise deux journées d’essais avec l’ensemble des équipes. En tout, ils seront 35 pilotes présents et le plus rapide sera Bill Elliott à 167,467 mph de moyenne.

1994 marque donc l’édition inaugurale du Brickyard 400. Cette course continue de diviser. D’un côté les fanatiques d’Indy qui souhaitent qu’il n’y ait que l’Indy 500, de l’autre les ouverts d’esprits qui ne sont pas contre la venue de la NASCAR. Résultat, le 6 août 1994, ils sont 350 000 spectateurs à se masser en tribune et dans l’infield, un nombre à faire pâlir tous les circuits aujourd’hui, pour assister à la deuxième victoire en carrière de Jeff Gordon, la première de ses cinq à Indianapolis.

Montoya maudit en 2009

Jamais dans l’histoire un pilote s’est imposé aux 500 Miles et lors du Brickyard 400. Un homme a failli le faire, le Colombien Juan Pablo Montoya. Vainqueur des 500 Miles en 2000, il regagnera cette course en 2015 lors de son second passage en INDYCAR, Juan Pablo Montoya termine deuxième derrière Tony Stewart en 2007.

En 2009 il mène 116 des 160 tours et semble se diriger vers une victoire amplement méritée, mais il ne coupera la ligne d’arrivée en onzième position seulement. La raison ? Une pénalité qui fait aujourd’hui encore débat. Lors de son dernier arrêt, à 26 tours du drapeau à damier, le pilote de la Chip Ganassi Racing est contrôlé en excès de vitesse.

S’ils me font ça, je vais les tuer. Ce n’est pas possible, j’étais dans le vert. Merci la NASCAR de ruiner ma journée. Nous l’avions et ils nous ont arnaqué, car je n’étais pas en excès de vitese. Je le jure sur mes enfants et ma femme.

Réaction de Juan Pablo Montoya à l’annonce de sa pénalité

Chip Ganassi n’était pas présent à Indianapolis ce jour-là, mais Felix Sabates, copropriétaire de l’écurie a demandé les données auprès de la NASCAR. La limite dans les stands était fixée à 55 mph avec une tolérance de 5 mph, autrement dit, 60 mph. La ligne des stands est alors divisée en huit zones et Juan Pablo Montoya est flashé à 60,06 mph de moyenne sur la deuxième zone et 60,11 dans la quatrième.

Les pilotes ne disposent pas de la vitesse sur le tableau de bord, mais d’un affichage numérique à base de LED de couleurs qui est l’image des tours moteur en fonction du rapport de boîte engagé. Si un pilote est dans le vert il est censé ne pas être en excès de vitesse dans les stands.

Le routier, avant un retour sur l’ovale en 2024 ?

Du fait de la pandémie, la NASCAR ne s’est pas rendue à Indianapolis en 2020. Depuis 2021, c’est le circuit routier qui est utilisé en NASCAR Cup Series, pour un succès plus que mitigé. En 2024, pour célébrer les 30 ans du Brickyard, la course devrait se dérouler sur l’ovale. La rumeur prend d’autant plus d’ampleur que deux journées d’essais sont prévues par Goodyear, lundi et mardi.